Lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme: le Burkina Faso sort de la liste grise du Groupe d’action financière

Le ministre chargé de l’Economie, Aboubakar Nacanabo : « le Burkina a mis en place des mesures pour ne plus retomber dans la liste grise du GAFI ».

Le Burkina Faso est officiellement sorti de la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI), l’organisme mondial de surveillance du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme. L’annonce a été faite par le ministre de l’Economie et des Finances, Aboubakar Nacanabo, vendredi 24 octobre 2025, à Ouagadougou.

Dans la lutte contre le blanchiment de capi- taux et le financement du terrorisme, les efforts du Burkina Faso ont été reconnus par le Groupe d’action financière (GAFI), l’organisme mondial de surveillance du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme. Celui-ci, après sa plénière tenue à Paris, dans la capitale française, a officiellement retiré le Burkina Faso de sa liste grise marquant l’aboutissement d’un long processus engagé depuis 2021. L’annonce de cette bonne nouvelle pour le pays des Hommes intègres a été faite, vendredi 24 octobre 2025, à Ouagadougou, par le ministre de l’Economie et des Finances, Aboubakar Nacanabo.

« Nous sommes heureux aujourd’hui d’annoncer que le Burkina Faso est sorti de la liste grise du GAFI. Le Burkina est inscrit sur cette liste depuis 2021 », a déclaré le ministre chargé de l’Economie. Qu’est-ce qui explique qu’un pays soit inscrit sur la liste grise du GAFI ? Pour Aboubakar Nacanabo, si des évaluations sont faites à l’issue desquelles, des défaillances stratégiques sont montrées dans le dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, le GAFI place le pays sur sa liste grise.

Avec le pays concerné, il est convenu un plan de 37 actions qui doivent être accomplies avant qu’il ne sorte de la liste grise, a-t-il ajouté. Le ministre Nacanabo a rappelé qu’effectivement en 2021, l’analyse et l’évaluation qui ont été faites ont démontré que dans le dispositif du Burkina, il y avait des défaillances. « A partir de cela, il y a eu un engagement politique fort pour matérialiser la volonté du Burkina à lutter contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

Un plan de 37 actions a été élaboré et coordonné par la Cellule nationale de traitement de l’information financière (CENTIF) », a-t-il indiqué. Il a signifié que ce plan d’actions concerne le domine législatif, technique et institutionnel reposant sur la volonté politique, avec un fort engagement des « plus hautes autorités » pour que le Burkina puisse sortir de la liste grise. Car, a-t-il noté, la présence d’un pays sur la liste grise du GAFI a plusieurs
implications.

« Au regard d’ailleurs de notre contexte, il est important et dans notre intérêt de travailler effectivement à mettre en place un dispositif solide de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Donc, le plan d’actions ayant été élaboré, toutes les structures qui sont impliqués se sont engagées et mobilisées sous la coordination de la CENTIF pour que nous puissions accomplir les différentes actions qui vont du dispositif législatif au dispositif technique et institutionnel », a soutenu Aboubakar Nacanabo.

Sur le plan législatif, il a relevé que l’une des avancées majeures est l’adoption de la loi sur la lutte contre le blanchiment de capitaux, la lutte contre le financement du terrorisme
et celle sur les armes de destruction massive adoptée, il y a quelques mois à l’Assemblée législative de Transition (ALT). Le Burkina Faso a également œuvré à développer un registre électronique des bénéficiaires qui a été mis en œuvre et qui fonctionne, a assuré M. Nacanabo.

« Il faut aussi dire qu’il y a un travail qui a été fait avec les autorités de supervision et de contrôle et les assujettis. Tous les acteurs ont joué leur rôle pour permettre d’accomplir les 37 actions du GAFI », a-t-il soutenu. Après cela, a confié Aboubakar Nacanabo, le GAFI a effectué un déplacement au Burkina au mois d’août 2025 pour une visite de terrain en dehors jusque-là des échanges de documents et des réunions.

Ce, a-t-il précisé, pour que le GAFI puisse s’assurer de la volonté politique et de la conformité des documents qui ont été envoyés avec la réalité du terrain. Le ministre chargé de l’Economie a aussi fait cas de la satisfaction du GAFI de l’engagement du Burkina et des actions concrètes sur le terrain pour matérialiser la question de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

« Après la visite de terrain du GAFI à Ouagadougou, le Burkina attendait la plénière qui a eu lieu et à l’issue de laquelle, le Burkina a été félicité pour l’engagement politique fort et tout ce qui a été fait comme actions. La sortie du Burkina Faso a été donc actée en ce qui concerne sa présence sur la liste grise du GAFI », a-t-il dit.

Des implications de la liste grise du GAFI

Quand un pays est sur la liste grise du GAFI, aux dires du ministre chargé de l’Economie, il y a des implications économiques, politiques et diplomatiques. Sur le plan économique, a-t-il relevé, la liste grise du GAFI rend les investisseurs frileux, vis-à-vis du pays, qui vont estimer que son système financier n’est pas efficace. « Tout cela a été pris en compte et on peut dire aujourd’hui que le fait qu’on soit sorti de la liste grise du GAFI permet de rassurer davantage les investisseurs », a mentionné M. Nacanabo.

Il a également évoqué le fait que la liste grise du GAFI peut avoir une implication négative sur la notation souveraine du Burkina qui rend difficile la levée de fonds sur le marché. Et même si l’on arrive à lever des fonds, a-t-il prévenu, il est difficile d’avoir des taux acceptables parce que la prime de risque qui est intégrée au taux d’intérêt sera élevée. « Donc, aujourd’hui, on peut dire qu’en ce qui concerne la sortie du Burkina Faso de la liste grise du GAFI, les relations entre le Burkina et les investisseurs pourront s’améliorer », a laissé entendre le ministre Nacanabo. Sur le plan diplomatique aussi, quand un pays est sur la liste grise du GAFI, cela peut affecter ses relations diplomatiques avec certains pays, à l’entendre.

« Aujourd’hui, nous pouvons donc nous satisfaire de tous les efforts qui ont été fournis pour que le Burkina puisse être mis hors de la liste grise du GAFI. Mais, il faut dire que cela a été le fruit d’un travail collectif. D’abord, un engagement fort des plus hautes
autorités, ensuite une implication forte des différents ministères », a-t-il renchérit. Au premier rang de la contribution des départements ministériels, en plus du
ministère en charge de l’économie, le ministre Nacanabo a cité les minis- tères en charge de la justice, de la sécurité, des libertés publiques, du commerce, de l’urbanisme, etc.

Toutefois, a-t-il fait comprendre, la sortie du Burkina de la liste grise du GAFI n’est pas une fin en soi, mais c’est une étape franchie, une bataille gagnée pour maintenir le cap en étant toujours vigilant sur toutes les questions de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

« Pour cela, avec la Cellule nationale de traitement de l’information financière, nous avons élaboré un plan d’actions pour voir les mesures de vigilance et de renforcement de capacités des acteurs, les mesures institutionnelles à prendre pour que le Burkina Faso ne retombe plus dans cette liste grise et puisse avoir un dispositif robuste de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement
du terrorisme », a conclu le ministre Nacanabo.

Boukary BONKOUNGOU

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