Lutte contre le terrorisme : le président du Faso plaide pour un mandat offensif de la MINUSMA

Le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, président en exercice du G5 Sahel, s’est adressé à la communauté internationale, à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies, le mardi 24 septembre 2019, à New York.

Au Burkina Faso, les attaques terroristes à répétition, depuis 2016, ont provoqué une crise sécuritaire et humanitaire sans précédent, faisant de nombreuses victimes civiles et au sein des Forces de défense et de sécurité (FDS), des centaines de milliers de déplacés internes, des écoles et des infrastructures de santé fermées et des symboles de l’Etat détruits. C’est le tableau sécuritaire de son pays que le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a dépeint à la tribune de la 74e session de l’Organisation des Nations unies (ONU), le 24 septembre 2019 à New York. Reconnaissant au système des Nations unies pour son soutien au Burkina Faso, «en ces moments difficiles», il a affirmé qu’en plus des grandes problématiques du monde, il faut ajouter la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, le crime organisé et la cybercriminalité, qu’aucun pays ne peut vaincre seul, quelle que soit sa puissance. Au-delà du Burkina Faso, le président en exercice du G5 Sahel a rappelé à la communauté internationale, l’importance de soutenir les pays du G5 Sahel dans leur lutte «déterminée» contre le terrorisme.

Ce soutien est d’autant plus urgent pour lui que les actions des groupes armés terroristes sont en expansion géographique aussi bien à l’intérieur des pays qu’à l’extérieur de l’espace du G5 Sahel. Convaincu que la lutte contre le terrorisme doit être régionale, le président Kaboré a salué l’Initiative d’Accra et le sommet extraordinaire de la CEDEAO, tenu le 14 septembre dernier à Ouagadougou sur la sécurité dans l’espace Ouest-africain. Il s’est félicité par ailleurs que le plaidoyer du G5 Sahel, «bien soutenu par le secrétaire général devant le Conseil de sécurité», ait trouvé un écho favorable à travers l’adoption de la résolution 2480 sur le renouvellement du mandat de la MINUSMA. Et pour cause, par cette résolution, les Casques bleus au Mali apporteront un soutien à tous les bataillons opérant dans le cadre de la Force conjointe du G5 Sahel sous la condition que cette dernière ou d’autres partenaires prennent la responsabilité de l’acheminement de l’aide dans les zones d’opérations au-delà du territoire malien.

Des ressources pérennes au G5 Sahel

Toutefois, le président en exercice du G5 Sahel estime que les chefs d’Etat de la CEDEAO ont fait le constat du «caractère inopérant» de la MINUSMA en raison des limites du mandat, qui lui a été confié par le Conseil de sécurité. «Or, il apparaît inconcevable qu’avec 12 000 hommes et des moyens substantiels, cette force ne puisse pas contribuer efficacement à la lutte contre le terrorisme dans ce pays», a-t-il relevé.

Le président Kaboré a donc lancé un appel pour un mandat «plus robuste et plus offensif en faveur de la MINUSMA» afin de sécuriser et de stabiliser davantage le Mali et partant, les autres pays du G5 Sahel, avant de suggérer au Conseil de sécurité d’accorder un mandat sous le chapitre 7 de la Charte des Nations unies à la force conjointe du G5 Sahel «afin de lui assurer des ressources pérennes et prévisibles». Il a aussi appelé tous les partenaires à adhérer à l’initiative de la mise en place d’un partenariat international et l’initiative «Desert to Power» en faveur de la stabilité, de la sécurité et du développement au Sahel, «la paix et la stabilité du Sahel étant aussi celles de l’Afrique et du reste du monde». En dépit du contexte sécuritaire difficile, le Burkina Faso a continué à assumer ses obligations internationales, comptant ainsi parmi les grands contributeurs de troupes dans les missions onusiennes de maintien de la paix au Mali et au Darfour et celle de la CEDEAO (ECOMIB) en Guinée Bissau. Convaincu que la crise sécuritaire dans l’espace G5 Sahel est la conséquence de la destructuration de l’Etat libyen, Roch Marc Christian Kaboré a interpellé la communauté internationale à se mobiliser pour trouver une solution de paix durable dans ce pays.

Jean-Marie TOE
Depuis New York

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