Une nappe de poussière recouvre plusieurs villes du Burkina depuis la matinée du lundi 18 mars 2024. Dans cet entretien, l’ingénieur prévisionniste au sein de l’agence nationale de la météorologie, Delwendé Isaac Yaméogo, explique les raisons de cette suspension. Il prévoit également que la nappe va se maintenir jusqu’au vendredi prochain avant de commencer à s’estomper.
Sidwaya (S) : Depuis lundi 18 mars la ville de Ouagadougou est envahie par une nappe de poussière. Comment les services de la météo expliquent cette situation ?
Delwendé Isaac Yaméogo (D.I.Y.) : Depuis ce lundi, on a remarqué la réduction de la visibilité dans la ville de Ouagadougou. En effet, à partir du 16 mars avec les renforcements des vents sur les zones désertiques, notamment le Niger et le Mali et même le Tchad, il y a eu des soulèvements de poussière. Cette nappe de poussière a évolué du centre du Niger jusqu’au territoire burkinabè.
S : Quelles sont les parties du territoire national qui sont concernées par cette suspension de poussière ?
D.I.Y : Cette poussière ne concerne pas uniquement la région du Centre. Elle est observée sur la majeure partie du territoire. De l’Est jusqu’à l’Ouest, vers Boromo et Bobo-Dioulasso, la nappe de poussière est présente, avec des réductions de visibilité, allant jusqu’à un kilomètre dans certaines localités, comme au Nord vers Ouahigouya. Les régions du Sud-Ouest et des Cascades ne sont pas beaucoup concernées par la poussière due à la présence de mousson dans ces parties. Avec les flux de mousson, cela permet de repousser ces poussières un peu plus au Nord.
S : Jusqu’à quand cette suspension de poussière va-t-elle se maintenir sur le territoire burkinabè ?
D.I.Y : De prime abord, nous allons vivre cette situation jusque dans les 72 heures à venir (Ndlr vendredi 22 mars 2024). En effet, avec d’abord la mousson qui est présente, il y a un blocage et la poussière qui est déjà soulevée reste bloquée sur le territoire burkinabè. En plus, nous observons d’autres soulèvements qui vont alimenter encore cette nappe. Mais nous avons un suivi régulier et des mises à jour seront faites à partir de nos bulletins régulièrement.
S : Chaque année, ce phénomène est constaté sur le territoire burkinabè. Peut-on dire que c’est un phénomène annuel ?
D.I.Y : Disons que les épisodes de poussière pour nos régions ne sont pas des phénomènes rares ou particuliers. Chaque année durant la période de janvier jusqu’à mars ou avril, on vit des épisodes de poussière. C’est dû à des phénomènes synoptiques, avec souvent des renforcements du vent dans les régions désertiques. Quand il y a des renforcements du vent dans les régions désertiques, on a des soulèvements et cela peut intéresser notre territoire. La poussière est un phénomène normal pour ces périodes. Et, nous sommes appelés à les vivre encore dans les années à venir.
S : Quels sont les conseils pour la population ?
D.I.Y : Avec la poussière qui a des effets sur la santé, nous recommandons d’abord de renforcer la protection des personnes vulnérables dans ces genres de situations, par exemple les enfants ou les personnes âgées. Et au-delà de ces personnes, c’est tout le monde qui doit se protéger, surtout avec le port du masque qui permet de protéger les voies respiratoires contre ces poussières. Au-delà, on remarque avec ces poussières une réduction significative de visibilité. C’est donc avoir une vigilance accrue en circulation durant ces périodes d’épisode de poussière pour éviter des accidents qui peuvent survenir durant ces réductions de visibilité. Nous demandons aussi aux populations de suivre les bulletins de la météo. Comme je l’ai dit, on a plusieurs canaux de diffusion, notamment notre page web où il y a des mises à jour quotidiennes que nous faisons de la situation. Elles peuvent aussi suivre les bulletins qui passent à la télé pour suivre et de voir l’évolution du temps.
Entretien réalisé par
Nadège YE