Des médecins burkinabè, en collaboration avec des spécialistes turcs, ont réalisé avec succès la toute première transplantation rénale au Burkina, le mardi 29 juillet 2025, au Centre hospitalier universitaire de Tengandogo (CHU-T). Cette prouesse a été officiellement annoncée le lendemain, hier mercredi 30 juillet, lors d’un point de presse à Ouagadougou.
Le Burkina vient de franchir une étape historique dans le domaine de la santé avec la première greffe rénale réalisée avec succès au Centre hospitalier universitaire de Tengandogo (CHU-T). Cette prouesse a été officiellement annoncée le lendemain, hier mercredi 30 juillet, lors d’un point de presse à Ouagadougou. Le néphrologue et porte-parole de l’équipe médicale, Aïda Lingani, a expliqué que les patients en insuffisance rénale chronique terminale (stade 5) avec un donneur potentiel ont été ciblés. Des tests de compatibilité ont été menés avant la sélection du couple donneur-receveur. Dr Boureima Ouédraogo, urologue et membre de l’équipe, a précisé que la greffe a été réalisée sur une femme de 43 ans, ayant reçu un rein de sa sœur jumelle. « L’intervention s’est déroulée sans complications majeures. Les suites post-opératoires sont favorables pour la donneuse comme pour la receveuse. Cela redonne espoir à de nombreux patients », a-t-il déclaré. Il a souligné que cette réussite est le fruit d’un long travail de préparation : depuis 2024, une équipe du CHU, appuyée par des experts turcs, avait sélectionné 12 patients et 25 donneurs potentiels. Seul le couple de jumelles remplissait tous les critères médicaux, biologiques et radiologiques sans présentation de risques. Parallèlement, des formations ont été dispensées aux équipes locales et le plateau technique du CHU renforcé. Le Dr Ouédraogo a ajouté que la prise en charge médicale de la donneuse et de la receveuse est entièrement gratuite, à vie. Cette gratuité concernera également les dix premières transplantations réalisées au Burkina. Le Dr Ouédraogo a détaillé le déroulement de l’intervention. Deux blocs opératoires ont été mobilisés simultanément : l’un pour le prélèvement chez la donneuse, l’autre pour la greffe chez la receveuse. L’opération de la receveuse a commencé à 9h00 et s’est terminée à 12h28, tandis que celle de la donneuse s’est déroulée de 10h45 à 13h17. Les deux interventions ont été réalisées par laparoscopie, une technique moins invasive. « L’état post-opératoire est satisfaisant pour les deux patientes », a-t-il précisé.
Une bonne collaboration
Pour le Professeur Ali Ozer, médecin turc membre de l’équipe, la réussite d’une greffe rénale est un indicateur clair du niveau de développement d’un système de santé. « Une transplantation d’organe exige une structure sanitaire solide et bien organisée. Cela demande une équipe compétente, de l’équipement, une logistique, mais surtout le soutien de l’Etat », a-t-il affirmé. Il a laissé entendre qu’en Turquie, toutes les étapes sont subventionnées par l’Etat. Dans un pays social, il ne peut y avoir de coût pour une opération vitale comme celle-ci a-t-il ajouté. Selon le ministre de la Santé, Lucien Kargougou, cette intervention est le fruit d’une collaboration étroite entre les équipes médicales burkinabè et turques. « Désormais, il est possible de faire une transplantation rénale au Burkina», a-t-il affirmé avec fierté. Le ministre a salué la mobilisation d’une équipe pluridisciplinaire composée de médecins, pharmaciens, immunologues, néphrologues, psychologues, et juristes. Il a souligné que cette avancée a été rendue possible grâce à la mise en œuvre de la loi 038 sur la transplantation d’organes et surtout au soutien politique et financier du chef de l’Etat. Il a également rappelé l’implication de la Turquie, qui a formé plusieurs professionnels burkinabè pendant plusieurs mois afin de préparer cette intervention de haute technicité.
Wamini Micheline OUEDRAOGO
Bithia NANEMA (Stagiaire)