Prolifération des sites aurifères au Burkina: Une menace croissante pour l’environnement

Cette eau contenant du cyanure va être reversée dans la nature après usage.

La croissance constante des sites artisanaux a conduit à une augmentation significative de la production de déchets miniers du fait de l’utilisation des produits chimiques notamment le mercure et le cyanure. Ces déchets issus de ces produits chimiques, riches en substances toxiques, contaminent la biodiversité posant ainsi une menace directe pour l’environnement. 

Les mines artisanales jouissent d’une mauvaise réputation au regard de la technologie « archaïque » utilisée pour extraire l’or, malgré qu’elles contribuent pour beaucoup dans la production nationale. Selon la dernière étude de l’Enquête nationale sur le secteur de l’orpaillage (ENSO) organisée en 2016 par l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD) en collaboration avec les ministères en charge des mines et de l’administration territoriale, 448 sites de production artisanale d’or fonctionnels repartis dans douze des treize régions du pays ont été recensés.

Officiellement, l’utilisation du mercure et du cyanure est formellement interdite dans les sites aurifères. Mais, faute d’un réel encadrement du secteur, malgré l’adoption de textes et la création de structures par l’Etat, force est de constater que ces produits chimiques constituent les « matières  premières» des sites d’orpaillage dans l’extraction de l’or. Toute chose qui suscite des inquiétudes sur les effets de ces produits sur les ressources naturelles.

Dans les zones où l’orpaillage est pratiqué, la biodiversité est fortement menacée marquée par la dégradation des

habitats naturels et affectant les espèces locales. En d’autres termes, l’exposition à ces substances chimiques compromet la santé des animaux et des plantes, entraînant des conséquences à long terme sur la diversité biologique.

Du fait de la mauvaise gestion des déchets miniers, les  cours d’eau sont pollués compromettant la qualité de l’eau et menaçant la vie aquatique, ainsi que les communautés humaines dépendantes de ces ressources.

 

De milliers d’hectares de forêts

Un grand nombre de forêts sont sous la menace de disparition du fait de l’orpaillage.

 

Il ne faut pas perdre de vue que l’activité artisanale a contribué à la destruction de milliers d’hectares de forêts au Burkina Faso si bien que certaines n’existent que de nom.

Certes, les activités artisanales minières sont cruciales pour l’économie nationale, compte tenu de la production nation nationale estimée à  9,5 tonnes d’or selon l’ENSO. Mais les dégâts environnementaux ne sont pas à négliger.

En 2015, l’Etat avait créé l’Agence nationale d’encadrement des exploitations minières artisanales et semi-mécanisées (ANEEMAS) qui avait pour entre autres missions, la surveillance environnementale à travers la sensibilisation des orpailleurs à abandonner l’utilisation du mercure et la régulation de la commercialisation par l’achat de l’or produit par l’artisanat minier.

Malheureusement, cette structure n’a pas pu mettre fin à l’usage de ces produits chimiques sur les sites aurifères. Elle a été transformée en Société nationale des substances précieuses (SONASP) en août 2023.

Qu’à cela ne tienne, la question de l’utilisation de ces produits chimiques dans les sites d’orpaillage demeure.

Des sols constamment dégradés par l’activité des orpailleurs.

Il va falloir prendre des mesures fortes pour que les artisans se conforment à la règlementation si l’on veut préserver les ressources naturelles. A côté des reboisements qui se font chaque année, l’on pourrait inclure l’adoption de technologies plus propres, des règlementations plus strictes, une sensibilisation accrue et des initiatives de remédiation pour restaurer les sites contaminés. Dans le même ordre d’idées, avant de permettre l’autorisation d’exploiter un site aurifère, il faudrait au préalable à l’image des sociétés minières, une étude d’impact environnemental, de proposer des mesures d’atténuation et des plans de réhabilitation.

 

Paténéma Oumar OUEDRAOGO

 pathnema@gmail.com

 

 

 

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