Prospective ouest-africaine

Maintenant qu’il apparaît de plus en plus clairement que le terrorisme sera vaincu dans l’espace sous régional avec la résurgence de la conscience nationale dans certains pays (Burkina Faso, Mali, Niger) et le dégagement programmé de la France, l’heure est venue d’ébaucher une prospective politique des Etats de l’espace ouest-africain,en lien avec cette nouvelle donne qui doit ouvrir des perspectives heureuses dans notre quête de développement humain durable.

La nature ayant horreur du vide, il va sans dire que le « dégagement  » de la France va aiguiser l’appétit d’autres Etats occidentaux, tel qu’on le voit déjà dans le cas nigérien ou Paris accuse à demi-mots Washington de lui avoir « fait un enfant dans le dos » en accréditant sa nouvelle ambassadrice auprès des autorités de Niamey.

C’est dire que pour sortir de ce « ôte toi de là que je m’y mette  » le moment est venu comme disait Cheikh Anta Diop « de tirer les conclusions pratiques de tant d’années d’études des problèmes africains, de les ramasser en formules aussi claires que possibles, afin de faciliter leur utilisation. »

Et comme chacun le sait maintenant, outre la restauration de la conscience historique africain, il va falloir s’atteler à réaliser la tache principale qui en découle, à savoir l’intégration régionale, puis continentale étant entendu qu’aucun de nos Etats, pris individuellement ne peut s’en sortir dans cette mondialisation prédatrice.

Un fédéralisme qui doit refléter chez nos responsables politiques un souci de survie par le moyen d’une organisation politique et économique efficace à réaliser dans les meilleurs délais au lieu de n’être qu’une expression démagogique dilatoire et arrière- gardiste comme dans le cas de la CEDEAO et de bon nombre d’organisations régionales africaines.

Cette déconnexion dont parlait Samir Amine ne pourra se faire que par le biais d’une indépendance monétaire véritable. Si le Niger par exemple avait sa propre monnaie, les masses populaires souffriraient moins de la batterie de sanctions drastiques et inhumaines initiées par la CEDEAO.

Arrêter de nous coucher sur la natte des autres comme dit Ki Zerbo, ne nous conduira guère au chaos ,car, l’Afrique occidentale fédérée possède un potentiel économique supérieur à celui de la France et de l’Angleterre réunies.

Sortons donc de l’esclavage mental en nous débarrassant des responsables politiques qui ne sont pas à la hauteur de ces problèmes, et qui ,au fond, n’y ont jamais réfléchi sérieusement et qui ont peur d’accomplir ce qu’ils considèrent comme un sevrage voire une catastrophe économique. Alors seulement le Leviathan africain s’éveillera pour traiter d’égal à égal avec les autres continents et dicter sa compréhension de la marche du monde.

Pour l’heure, des intérêts multiples, individuels (l’intransigeance de certains dirigeants dans le dossier nigérien s’explique surtout par le fait qu’ils possèdent des actions dans des sociétés exploitant l’uranium du pays), généraux, font qu’on s’attache aux frontières artificielles issues de la colonisation au point de consacrer leur intangibilité. La nouvelle « race » de dirigeants africains doit donc oser inventer l’avenir dans la douleur et le sang en gardant les yeux secs. Qui a dit que la révolution n’était pas un dîner de gala ?

Boubakar SY

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