Quel Premier ministre pour la Transition ?

Le capitaine Ibrahim Traoré a reçu l’onction populaire, aux assises nationales, pour conduire la Transition, à la suite du coup d’Etat du 30 septembre 2022. Ce jeune officier de 34 ans a désormais les pleins pouvoirs pour diriger le Burkina Faso, qui subit des attaques terroristes à répétition depuis 2015. La mission première du nouvel homme fort du Faso est de libérer le pays de l’emprise des terroristes, comme il s’est engagé, après avoir déposé son ainé, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Dans l’attente de son investiture, le capitaine Traoré, qui dispose de 21 mois pour accomplir sa mission, a besoin de l’accompagnement d’un Premier ministre, non encore connu. La Charte de la Transition, adopté le 14 octobre 2022, a défini les conditions à remplir pour occuper le poste de chef du gouvernement, sans pour autant préciser s’il s’agit d’un civil ou d’un militaire.

Ces conditions sont, entre autres, être de nationalité burkinabè, jouir de ses droits civiques et politiques, n’avoir jamais fait l’objet d’une condamnation pénale pour crime ou délit touchant à l’honneur et à la probité, avoir les compétences requises, être intègre, impartial et de bonne moralité. Bon nombre de Burkinabè de l’intérieur comme de l’extérieur répondent à n’en point douter à ces critères. Le capitaine Traoré devrait dénicher l’« oiseau rare » dans ce lot de compatriotes. Il lui faudra trouver une personnalité à la probité reconnue et moins clivante, dans un pays où les populations sont de plus en plus exigeantes sur le choix des dirigeants. La rue a en déjà donné l’illustration à maintes reprises, au point de peser incontestablement dans la désignation des gouvernants. Le capitaine Traoré lui-même a été porté à la tête de la Transition, avec la bénédiction des populations qui lui témoignent beaucoup d’estime et de confiance. C’est dire que le choix du Premier ministre et des membres du gouvernement est très attendu, en ces moments difficiles pour le Burkina Faso. Dans ce contexte de guerre, il faut des hommes et des femmes dignes de confiance comme le capitaine Traoré pour servir véritablement les intérêts de la Nation. Il ne doit pas avoir de place pour les opportunistes et les affairistes. Très préoccupés par le sort du pays, des citoyens appellent le président de la Transition à choisir certaines personnalités taillées pour l’emploi, à leurs yeux. Parmi celles-ci, figure l’universitaire à la retraite, Laurent Bado, dont les propositions allant dans le sens de l’amélioration de la gestion des affaires publiques séduisent les jeunes.

Il y a aussi l’économiste, Dr Rassablga Ouédraogo, très attaché au principe de bonne gouvernance et de démocratie et l’ancienne ministre de la Justice sous la Transition de 2015, Joséphine Ouédraogo, réputée intègre, pour ne citer que ces noms. Ces personnalités sont-elles dans le viseur du capitaine Traoré ? On se perd en conjectures. Tout est spéculation, en attendant la fumée blanche qui, dans les heures ou jours à venir, devrait s’échapper de la Primature où le président de la Transition est installé pour le moment. En attendant de connaitre l’identité du futur Premier ministre, le souhait est que celui-ci forme un gouvernement de combat, le pays étant menacé dans son existence. Loin de nous l’idée de minimiser les questions y afférentes, mais ce n’est pas le temps de faire de la politique. Toutes les énergies et les intelligences doivent être mobilisées pour livrer la guerre aux groupes armés qui ont gagné du terrain. En priorité, il faut asseoir des stratégies pour reconquérir les zones sous occupation terroriste et apporter une « réponse urgente et efficace » à la crise humanitaire engendrée par le terrorisme. Il faut à tout prix rétablir la sécurité sur le territoire national, pour prétendre traiter les autres questions avec efficience. Le réalisme l’impose…

Kader Patrick KARANTAO

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