Un projet en or

Dans 11 mois, les premiers lingots d’or sortiront de la première usine de raffinerie du Burkina Faso. En posant la première pierre de cette raffinerie, le 23 novembre dernier, le chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, traduit la volonté affichée des autorités de la Transition de ne plus amener notre or à l’extérieur pour le raffiner. Cette initiative permettra de connaître la teneur réelle de l’or brut extrait des gisements. Pour un pays comme le Burkina Faso, quatrième producteur de l’or sur le continent africain, ce n’est pas tôt donné. Mais mieux vaut tard que jamais. Cette volonté affichée de transformer nos productions sur notre terre et de les exporter est bien la voie royale pour engranger des dividendes. Rien que la main d’œuvre à employer à temps plein et à temps partiel (occasionnel), aidera à atténuer la masse des demandeurs d’emplois.

Longtemps en tête de la production cotonnière dans la sous-région ouest-africaine, le pays des Hommes intègres n’a pourtant pas pu se faire construire une usine de transformation digne de son rang. Le coton, l’or, mais aussi le secteur de l’élevage. Combien les éleveurs transhumants perdent-ils en convoyant à pied le bétail dans les pays côtiers ? Souvent parti en grande forme, le bétail, à force de marche, se retrouve amaigri à son arrivée dans les pays d’accueil, sans oublier les autres pertes des maillons de la filière, notamment, les peaux, les cornes, les sabots etc. Cette nouvelle politique qui consiste à exporter nos produits locaux après les avoir transformés sur le territoire national trouve déjà échos favorables auprès des populations qui imaginent le bénéfice qu’elles pourront en tirer. C’est aux Burkinabè, maintenant, au-delà de toute considération, de savoir ouvrir les bras à ces produits finis. Le Burkinabè qui chante à tout-va « consommons ce que nous produisons, et produisons ce que nous consommons » sans un brin de chauvinisme, est réputé regarder dans les assiettes du voisin et préférer ce qui vient de l’autre côté. Aujourd’hui, à examiner de près, le Burkina offre de nombreuses possibilités de transformer ses productions locales sur place pour la conquête du monde.

Il suffit d’abord d’y croire, de partager la même conviction sans ces faux-fuyants d’arguments selon lesquels nous ne sommes pas compétitifs. Un pays qui peut produire du blé, de la vigne, du café, du cacao, ces cultures prétendument incultivables sous nos cieux, est aussi capable de les transformer. Il suffit de taper à la bonne porte, d’avoir une vision claire de ce que nous voulons. La semaine dernière, le Président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré, a signifié cette réalité aux enfants du Burkina. Le pays des Hommes intègres peut jouer dans la cour des grands. Il peut rivaliser et se positionner comme un leader incontesté dans certains secteurs. La force du Burkina Faso réside dans sa population à l’interne et sa diaspora, composée d’hommes et de femmes pétris d’expériences qu’ils pourraient partager avec leurs compatriotes. Qui dit mieux ? Après la tomate dont la pose de la première pierre de l’usine de transformation a été faite à Bobo-Dioulasso, c’est au tour de l’or. Certainement, d’autres secteurs comme le coton seront explorés et permettront de sortir le pays des Etats « mendiants ». Maitriser le secteur de la transformation dans notre contexte actuel et surtout celui de l’or, c’est assécher une partie des recettes qui échappent au contrôle de l’Etat. « Beaucoup d’or sort du Burkina de façon frauduleuse et cela contribue d’ailleurs à alimenter le terrorisme ». Finalement, cette raffinerie est un projet en or en ce qu’elle donne la possibilités aux acteurs d’avoir le contrôle total de tout le processus.

Par Assetou BADOH badohassetou@yahoo.fr

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