Une seule Nation

Vendredi 6 juin 2025, les Burkinabè se sont une fois de plus unis dans la prière pour la Patrie, à l’occasion de la Tabaski. Aux invocations des justes, les regards vers le ciel ont fusionné dans une seule prière : celle d’un peuple en quête de paix. A l’unisson avec les soldats, le Président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a posé un acte d’une grande symbolique, un geste qui, au-delà de sa portée politique, nous interpelle tous à faire preuve d’empathie et de solidarité. Et si enfin, la religion retrouve tout
son sens dans le cœur des Burkinabè, c’est-à-dire être un ferment d’unité ?

« La religion devrait nous unir, renforcer la paix, l’amour du prochain et de la patrie », a-t-il lancé. Une phrase simple, mais d’une profondeur abyssale dans un contexte où les voix se durcissent par moment et les discours s’enflamment, alors que l’heure devrait être au recueillement, à l’apaisement des cœurs et à la convergence des esprits.

Le vivre-ensemble burkinabè, que d’aucuns déclament comme une valeur inaltérable, vacille aujourd’hui sous le poids de la suspicion, des amalgames et des rancœurs entretenus. L’exemple nous est pourtant donné à l’occasion de la fête du mouton. Une prière commune a retenti dans les différents sermons des imams aux quatre coins du pays. Celle de voir le Burkina Faso et ses habitants vivre en harmonie, dans la paix et dans la cohésion.

A leurs côtés, et avec le même discours, les leaders des autres communautés religieuses. L’union sacrée du vendredi de l’Aïd El-Kébir, commémorant le sacrifice d’Abraham, n’est pas que sur le tapis de prière. Elle est également dans l’abnégation de nos Forces de défense et de sécurité (FDS) qui affrontent chaque jour les forces du mal au péril de leur vie. Les combattants sont engagés, non pas parce qu’ils sont chrétiens, musulmans ou traditionalistes, mais parce qu’ils sont Burkinabè. Et ensemble, à cœur vaillant, ils se battent avec pour seul but de libérer le pays.

Cette cohésion, ce respect mutuel que l’on a constaté lors de la Tabaski 2025, on l’observe également pendant les messes de Noël ou de Pâques, quand les leaders et fidèles des autres religions communient avec les chrétiens. L’on oublie parfois que
dans chaque concession burkinabè, cohabitent traditionnaliste, musulman et chrétien. Des piqûres de rappel comme les messages entendus ça et là, à l’occasion de la Tabaski sont nécessaires pour nous dire que nous avons tous un seul pays et une seule destinée.

Il est donc impérieux que les Burkinabè purifient leurs cœurs, que les discourent religieux guérissent et consolent. Que les offrandes, quel que soit le bord, soient partagées dans une même dynamique de solidarité, de pardon, de respect de l’autre. Les religions doivent continuer à être le terreau de notre vivre-ensemble, et non devenir la brèche de notre déchirure.

Car, ce que nous avons de plus précieux, c’est notre pays. Ce Burkina Faso où chaque grain de poussière porte la mémoire du sacrifice d’un ancêtre pour sa défense. Ce Burkina Faso où les terroristes voudraient imposer leur loi, mais que nous devons, ensemble, défendre vaille que vaille. Ce Burkina Faso pacifié que nous devons transmettre à la postérité. Les beaux discours et les belles images de la Tabaski 2025 et même des fêtes antérieures, quasiment illusoires ailleurs, nous font rêver. Que maintenant les actes nous réveillent. Que la religion nous unisse davantage. Que la paix ne soit plus un vœu, mais une œuvre.

Par Assétou BADOH

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