108e Conférence internationale du travail : le Burkina Faso participe avec ses multiples crises de l’emploi

Le Burkina Faso prend part à la 108e session de la Conférence internationale du travail, qui s’ouvre ce lundi 10 juin 2019, à Genève en Suisse. Confronté à une grogne des travailleurs, à la précarité du travail et à un sous-emploi particulièrement chez les jeunes et les femmes, le pays des Hommes intègres donnera de la voix à cette grande rencontre consacrée au travail décent. Il partagera son expérience et surtout sa vision du monde du travail de demain.

Le Premier ministre, Christophe Dabiré, accompagné du ministre en charge de la fonction publique et celui de l’emploi, participe à la 108e session de la conférence internationale du Travail. Au cours de cette rencontre qui se déroule du 10 au 15 juin 2019 en Suisse, le chef du gouvernement burkinabè prendra la parole le mercredi 12 juin pour «décliner les grands axes de la politique gouvernementale pour un plein épanouissement du monde du travail au Burkina Faso». Pendant ce temps, et outre les questions d’insécurité et de stabilité, le pays reste marqué par un mécontentement profond et ouvert de ceux à qui l’Etat a offert de l’emploi.

Par ailleurs, entre concassage de granit et ramassage de gravillons, de nombreux jeunes et femmes «vivotent» dans des occupations précaires et risquées.
Les jeunes diplômés, qui espèrent décrocher un emploi de la fonction publique, deviennent de plus en plus nombreux en dépit des dizaines de milliers d’emplois créés chaque année pour les intégrer, et malgré l’intention du gouvernement d’adapter le système éducatif aux besoins de la transformation structurelle telle que prônée dans le Plan national de développement économique et social (PNDES). Les nouveaux métiers du net qui, ailleurs, fleurissent et résorbent le taux de chômage, sont encore en développement au Burkina. Et l’on constate qu’au pays des Hommes intègres, internet est pris d’assaut par de nombreux jeunes beaucoup plus préoccupés par des commentaires et des analyses sur la gestion politique de leur pays que par la quête ou la création des opportunités qu’offre le numérique. De même, le secteur privé, qui s’améliore nettement et régulièrement reste, malgré tout, dominé par l’informel.

Quant à l’agriculture, qui occupe plus de la moitié de la population, elle est caractérisée par de faibles performances liées à sa dépendance aux aléas, à la fragilisation des écosystèmes et de l’environnement, mais aussi à la faible diversification de la production et du niveau de mécanisation, sans oublier le faible niveau d’accès aux crédits agricoles.
Ces préoccupations sur l’emploi sont prises en compte par le PNDES.
La mise en œuvre de ce référentiel de développement, sous le mandat du président Roch Marc Christian Kaboré, a permis d’entamer des programmes ambitieux dans le développement du secteur privé, la formation et l’insertion professionnelles des jeunes et des femmes, le développement du secteur agricole…

La création d’au moins 50 000 emplois décents chaque année et la baisse de l’incidence de la pauvreté en-dessous de 35% en 2020 sont escomptés. Mais les attaques terroristes et les difficultés des agents de l’Etat, mécontents de leurs conditions de vie et de travail, compromettent les efforts et les ambitions du gouvernement dans ce sens. Sans doute qu’à Genève, le Premier ministre Dabiré aurait bien voulu parler aussi de lutte contre le terrorisme et non pas seulement de l’emploi décent pour le futur.

Aimé Mouor KAMBIRE

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