Les caprices de la pluviométrie ont toujours suscité des craintes au sein des agriculteurs au Burkina Faso. Avec les effets du changement climatique, les tendances sont en train d’être inversées depuis ces deux dernières années. Les pluies, autrefois attendues comme une bénédiction, se transforment parfois en une menace d’inondations et autres dégâts. Cette menace peut être une opportunité si la politique de gestion de l’eau travaille à valoriser le trop-plein de pluie qui tombe.
Dans ses prévisions saisonnières des caractéristiques agro-hydroclimatiques, l’Agence nationale de la météorologie du Burkina Faso (ANAM-BF) avait annoncé une pluviométrie excédentaire à tendance normale sur l’ensemble des régions du pays pour la période juillet-août-septembre, au titre de l’année 2025. Le ciel du pays des Hommes intègres a effectivement ouvert ses vannes avec à la clé, une abondance de pluies à la grande joie du monde paysan.
L’on a encore en mémoire les années antérieures, les craintes que développaient les agriculteurs concernant le stress hydrique, à l’approche de la saison hivernale. Toute chose qui compromettrait les rendements agricoles. Mais, à y voir le comportement des deux dernières saisons pluvieuses, des précipitations plus intenses et massives tombent sur un temps plus long et créent des chocs parfois hydriques.
Des inondations sont légions. Les rues sont submergées, des champs tout comme des cours d’eau débordent et présentent quelquefois, des images de désolation.
Certaines infrastructures routières sont souvent mises à l’épreuve. C’est le cas du pont de Hèrèdougou régulièrement submergé à cette période et qui a déjà occasionné une suspension du trafic.
De plus, l’on constate une sorte de caprice météorologique qui décale le cœur de la saison des pluies d’août à septembre. Ce nouveau régime de pluies nous impose une réflexion profonde sur notre rapport à l’environnement. Il peut être une aubaine pour le Burkina, car, il va falloir s’adapter à ces effets de changement climatique. De petits gestes, multipliés à grande échelle, peuvent transformer le fléau en une bénédiction.
Réviser la politique de gestion de l’eau

En effet, le pays a désormais l’occasion de réviser sa politique de gestion de l’eau pour faire face aux nombreux défis qui se présentent à lui. Dans ses propositions, l’ANAM-BF avait recommandé de renforcer les dispositifs de drainage et d’évacuation des eaux sur les sites de construction et les routes stratégiques, de surveiller les niveaux des cours d’eau et améliorer les systèmes d’alerte précoce, d’entretenir des infrastructures de transports routiers. Si, cette hausse de la pluviométrie est mieux gérée, elle pourrait être un véritable atout pour l’agriculture.
Mieux, une bénédiction pour booster davantage l’initiative présidentielle pour l’agriculture qui va permettre d’accroitre la production agricole, en vue d’atteindre la souveraineté alimentaire. Dans ce sens, il faut canaliser et stocker l’eau pour la valoriser. Le stockage d’eau peut contribuer à intensifier les activités agricoles en période de saison sèche. Cela demande la construction de retenues d’eau, de barrages et de digues qui pourrait servir à l’irrigation, à l’alimentation en eau potable des populations et à l’abreuvage du bétail.
Des initiatives locales, comme le Projet de la résilience climatique au Burkina Faso (HYDROMET) montrent que des solutions existent. En dotant les agriculteurs de pluviomètres et en les formant à une meilleure gestion de l’eau, on peut optimiser les semis, réduire les pertes et améliorer les rendements. Nous ne devons plus subir les affres du climat, mais il faut s’adapter de façon intelligente et proactive. Il faut transformer la menace en opportunité pour tirer le meilleur parti.
Paténéma Oumar OUEDRAOGO