La Banque africaine d’import-export a publié, le mercredi 24 juin 2025, à l’occasion de son assemblée annuelle à Abuja, son rapport sur le commerce africain. Le document examine le commerce et le développement économique en Afrique et dans d’autres régions du monde.
Le commerce intra-africain a connu une reprise remarquable en 2024, progressant de 12,4 % pour atteindre 220,3 milliards de dollars américains, après une baisse de 5,9 % l’année précédente. C’est ce que révèle l’édition 2025 du rapport sur le commerce africain, publiée par la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), le mercredi 24 juin 2025 au cours de sa 32e assemblée annuelle qui se tient à Abuja, la capitale nigériane.
Le document explore comment une économie mondiale en voie de fragmentation rapide marquée par des fractures géopolitiques croissantes et des rivalités liées aux politiques industrielles est en train de remodeler les dynamiques commerciales de l’Afrique, au moment où le continent poursuit son industrialisation et l’approfondissement de l’intégration commerciale intra-africaine. Selon le rapport, en 2024, la production mondiale a progressé modestement de 3,3% mais devrait ralentir à 2,8% en 2025.
Une baisse par rapport à une prévision précédente de 3,3%, et bien en deçà de la moyenne de 3,7% enregistrée entre 2000 et 2019. Ce ralentissement de la croissance s’explique par les incertitudes mondiales croissantes, notamment l’escalade brutale des tensions commerciales depuis le début de l’année 2025.
Toutefois, l’étude montre que malgré le contexte mondial difficile, l’Afrique a enregistré un taux de croissance de 3,2% en 2024, bien qu’encore inférieur au taux de croissance de 5% observé avant la pandémie. Cette performance a été soutenue par une augmentation des investissements publics, des prix élevés des matières premières (notamment l’or, le cacao et le café), ainsi que par le succès précoce des stratégies de diversification. L’inflation en Afrique a légèrement augmenté, passant de 18,2% en 2023 à 20,1% en 2024.
L’Afrique doit agir avec urgence
« Le commerce de marchandises de l’Afrique a également rebondi en 2024, augmentant de 13,9 % pour atteindre 1 500 milliards de dollars US, contre une baisse d’environ 5,4 % en 2023. Cette tendance positive devrait se poursuivre, portée par la mise en œuvre continue de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui s’impose comme un pilier de la résilience commerciale du continent », note le rapport.
Le rapport fait ressortir que pendant que les règles du commerce mondial évoluent, la part de l’Afrique dans les exportations mondiales a légèrement diminué, passant de 3, % en 2009 à 3,3 % en 2024, tandis que le commerce intra-africain ne représente que 14,4% du commerce formel du continent ce qui souligne une dépendance persistante à la demande
extérieure et une vulnérabilité aux chocs liés aux matières premières. Afreximbank, a déboursé 17,5 milliards de dollars américains en 2024 et vise à doubler le financement du commerce intra-africain d’ici 2026. Son Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS) mis en place gagne du terrain, avec plus d’une douzaine de banques centrales désormais interconnectées, va contribuer à réduire les coûts de transaction et la dépendance au dollar américain et à l’euro.
Face à des défis importants, le message central du rapport est que « l’Afrique doit agir avec urgence pour transformer la fragmentation mondiale en moteur de croissance résiliente, inclusive et à forte valeur ajoutée ».
Joseph HARO
(A Abuja au Nigéria)