Attaque terroriste du 15 janvier 2016 : triste souvenir d’une soirée meurtrière

Ouagadougou, la capitale burkinabè, a été la cible d’un attentat terroriste, en plein centre-ville, sur la très fréquentée et célèbre avenue Kwamé-N’Krumah, le 15 janvier 2016. Le restaurant Capuccino et l’hôtel Splendid ont été les principales cibles de cette barbarie qui allait hanter les esprits. Sept ans après, le souvenir est encore vivace.

Même si ce n’était pas la première agression terroriste que connaissait le Burkina, l’attentat perpétré dans la soirée du 15 janvier 2016 sur l’avenue Kwamé- N’Krumah à Ouagadougou, où l’hôtel Splendid et le restaurant Capuccino ont été les principales cibles, a été « l’acte fondateur » de la violence terroriste qui étreint aujourd’hui, le pays. Cette attaque revendiquée par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) avait fait 29 morts parmi lesquels des Burkinabè et 18 autres nationalités et une trentaine de blessés. 176 personnes avaient été secourues par les Forces de défense et de sécurité (FDS).

L’onde de choc de cette barbarie avait résonné à travers le monde tant les victimes étaient issues de plusieurs pays. Malheureusement elle inaugurait un cycle de violence terroriste qui allait s’installer dans le pays au fil du temps au point de cristalliser toute l’attention des gouvernants. Devant l’effroi indicible, trois jours de deuil avaient été décrétés par le gouvernement de l’époque. Des chefs d’Etat parmi lesquels le président tchadien, feu Idriss Déby Itno, avaient fait le déplacement sur les lieux du drame pour exprimer leur compassion au Burkina et aux proches des victimes. L’attentat du 15 janvier 2016 a incarné le symbole de la déstabilisation du régime du président Roch Marc Christian Kaboré qui venait d’être investi chef de l’Etat, le 29 décembre 2015. Dans la même nuit du 15 au petit matin du 16 janvier 2016, à quelques centaines de Km de Ouagadougou, le Dr Ken Elliot d’origine australienne et son épouse, basés à Djibo, au Sahel depuis les années 90, ont été enlevés par un groupe terroriste. Si son épouse a été libérée plus tard, Dr Ken Elliot est toujours détenu entre les mains de ses ravisseurs. Son enlèvement a été une grande amputation pour la ville de Djibo et d’autres localités puisque M. Elliot s’évertuait à soigner les populations, le plus souvent à titre gracieux, dans sa clinique logée en plein centre-ville. Sept ans après, l’hydre terroriste, après s’être installée au Sahel et à l’Est, a élargi ses tentacules à plusieurs régions du Burkina.

Elle a contraint près de deux millions de Burkinabè à s’exiler sur leur propre terre, occasionné la fermeture de 6 253 écoles et de centaines de formations sanitaires. Pire, le péril terroriste a bouleversé la relative stabilité institutionnelle du pays. Le 24 janvier 2022, la dégradation continue de la situation sécuritaire a été un alibi utilisé par le lieutenant-colonel, Paul-Henri Sandaogo Damiba, pour déposer le président élu Roch Marc Christian Kaboré. Au cours de la même année, le Burkina va connaitre un second coup d’Etat, le 30 septembre 2022, puisque les attaques terroristes se poursuivaient. Trois mois après ce coup de force dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré, c’est sous le registre de la reconquête du territoire national et le retour des Personnes déplacées internes (PDI) dans leurs localités respectives que les priorités du gouvernement gravitent. Ce triste souvenir du 15 janvier 2016, au-delà de la douleur qu’il ravive, rappelle aux Burkinabè de tous les bords l’impérieuse nécessité que seule leur solidarité, leur sens de lucidité et de responsabilité et leur cohésion favoriseront le retour à la quiétude dans le pays. C’est à dire l’agitation débordante de certains esprits manichéistes devrait être étouffée pour éviter une dangereuse diversion.

Karim BADOLO

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