Le nouveau président de la Banque Ouest-africaine de développement (BOAD) Serge Ekue, a animé une conférence de presse par visioconférence sur le bilan de ses 6 mois à la tête de la BOAD et les grandes lignes du plan stratégique 2021-2025 de son institution, le mercredi 31 mars 2021.
La Banque Ouest-africaine de développement (BOAD) s’est engagée dans une dynamique de recherche de réponses cohérentes et adaptées aux priorités et urgences de développement de la zone UEMOA. Dans l’objectif de décliner les principales lignes directrices de cet engagement, le nouveau président de la BOAD, Serge Ekué, a animée, par visioconférence, le mercredi 31 mars 2021, une conférence consacrée au bilan de ses 6 premiers mois à la tête de l’institution ainsi qu’aux perspectives pour les prochaines années.
Selon le président Ekué, cet échange avec les hommes et femmes de médias est en droite ligne avec son engagement auprès des plus hautes autorités de l’Union de placer son mandat sous le signe de la « plus grande transparence ».
Cet exercice avec les journalistes, il l’a réalisé à travers le sens qu’il donne à chacun des trois chiffres de ses 215 premiers jours a passés à la tête de l’institution bancaire communautaire. Le chiffre 2 renvoie aux « deux regards francs » qu’il a eu à son arrivée à la BOAD : le regard sur l’état des lieux du développement de la région et celui stratégique sur le futur de l’institution. Le coup d’œil dans le rétroviseur lui a permis de savoir de cerner les acquis, les opportunités et les défis de développements de la zone UEMOA.
Le regard sur l’avenir a été aiguisé par « deux défis colossaux », à savoir la forte croissance démographique couplée d’une urbanisation galopante et l’accélération du dérèglement des écosystèmes du fait du changement climatique aux conséquences lourdes.
Le chiffre 1 renvoie au (un) plan stratégique 2021-2025 de la BOAD dénommé « Djoliba » qui est la réponse aux défis et implications liés à ses deux premiers diagnostics. Ce plan stratégique se veut une réaffirmation de la vocation de cette bancaire régionale d’être une institution « au cœur du cible de développement en Afrique de l’ouest ». « Nous avons l’ambition d’en faire une institution de référence pour un impact durable sur l’intégration et la transformation de l’Afrique de l’Ouest », a martelé le président Ekué.
Les cinq priorités de la BOAD
Selon lui, le plan stratégique 2021-2025 repose sur trois éléments essentiels. Il s’agit du doublement des ressources propres avec le capital de la banque qui doit passer de 1155 milliards FCFA à 2310 milliards FCFA afin d’augmenter ses capacités d’actions. Il y a également le défi de la gestion efficiente des ressources financières et le renforcement et la réorganisation des compétences pour en faire une banque d’expertise. Sur l’objectif de se constituer en banque d’expertise, le plan « Djoliba » a défini cinq secteurs prioritaires, ce qui revoit au chiffre 5 de ses premiers 215 jours comme patron de la BOAD.
Ces cinq domaines prioritaires d’interventions portent sur l’agriculture et la sécurité alimentaire, les énergies renouvelables, les infrastructures de base, la santé, l’éducation et l’habitat social. Augmenter de 87 700 m3/jour la production moyenne d’eau potable, l’aménagement de 12 170 hectares de terres pour atteindre une production de 170 300 tonnes de riz par an, la mise en place de 12 700 km de routes, une production supplémentaire de 380 MW pour renforcer l’offre énergétique, la création de 240 000 emplois sont, entre autres, les résultats attendus de la mise en œuvre de ce document stratégique, a précisé M. Ekué.
Au cours des cinq prochaines années, un accent particulier sur la promotion des PME pour diversifier le tissu économique, l’emploi des jeunes, des femmes et des personnes handicapées et le renforcement de la résilience au changement climatique, le renforcement des chaines de valeurs à travers l’industrialisation. « Cette focalisation sectorielle requiert une transformation profonde de notre institution, pour adosser à notre stratégie l’organisation qui lui convient », a-t-il insisté. C’est dans ce sens que le projet « OASIS », projet de conduite du changement à l’interne pour achever la construction de la BOAD de demain, est mis en œuvre. L’objectifs est de fournir aux projets des cinq secteurs prioritaires toutes les ingénieries techniques et financières les plus pertinentes voire les plus pointues, avec beaucoup de flexibilité et d’impact durable, a insisté le conférencier du jour.
S’attaquer aux urgences
Tous ces éléments, a-t-il poursuivi, devraient se traduire par une contribution de 3700 milliards FCFA au PIB des pays de la région et de 580 milliards FCFA aux recettes fiscales supplémentaires pour les Etats.
Les questions des journalistes ont porté entre autres sur l’échéance et les moyens pour l’augmentation du capital de la BOAD, ses projets dans le domaine de l’éducation, l’appui de la banque aux PME, à l’industrialisation et à transformation des produits locaux et aux start-ups, la création du poste de vice-président, la nomination de l’économiste en chef, sur la place du leadership féminin dans le plan stratégique, le soutien à la presse économique.
Sur le doublement du capital, l’accent sur le renforcement de la présence des actionnaires de catégorie A (les Etats membres), des actionnaires B constitués d’institutions internationales et des Etats et la mise en place d’une troisième catégorie d’actionnaires, a répondu le président Ekué. Sur le secteur de l’éducation, une attention sera accordée à la réalisation d’infrastructures éducatives et à l’appui à l’amélioration des contenus des programmes de formations. Le poste de vice-président vise à assurer un certain équilibre de l’institution, a-t-il. Quant à l’économiste en chef, il aura pour rôle de maintenir un dialogue permanent avec les investisseurs, d’expliquer ce qui se fait dans la région, de soigner l’image de la BOAD, a-t-il soutenu.
Quant au dynamisme qu’il est en train d’imprimer à la marche de l’institution, M. Ekué a indiqué que cela répond à la volonté de s’attaquer aux urgences de développement et à régler au plus vite les problèmes d’infrastructures que connaît la région.
Mahamadi SEBOGO