Adama Dramé, artiste-musicien : «  Le colonel Mamadou Djerma est resté attaché à sa culture »

Adama Dramé, fondateur du studio Salifou14, inauguré en 2003.

Adama Dramé, un percussionniste de renom qui ne se présente plus au Faso et fondateur du studio d’enregistrement « Salifou 14 » est le seul artiste ayant dédié un titre et baptisé un album au colonel Mamadou Djerma décédé dans la nuit du 11 au 12 juin 2020 à Bobo-Dioulasso. Dans l’interview qu’il nous a accordée, Adama Dramé parle de ses liens avec feu le Colonel Mamadou Djerma et des actions qu’il a posées.

Sidwaya(S) : Comment avez-vous appris le décès du colonel Mamadou Djerma ?
Adama Dramé (A.D.) : Je l’ai appris comme tous les Burkinabè. Lorsqu’une personne de la famille perd la vie, c’est toujours une grande peine pour ses frères, ses sœurs, ses amis et ses proches. Le décès du colonel Mamadou Djerma a pris une autre dimension. L’émotion est tellement grande dans le pays et même hors du pays. On ne peut pas apprécier tout ce qu’il a fait à sa juste valeur. Il est vrai que je ne peux pas trop parler parce qu’il a joué un rôle très important dans ma vie.

S : C’est pourquoi vous l’avez choisi pour parrainer l’inauguration de votre studio d’enregistrement en 2003?

A.D. : Je l’ai choisi tout simplement parce que c’était un homme disponible. Souvent, on peut appeler un ministre de la Culture mais ce n’est pas évident qu’il soit disponible. Dès que je lui ai fait la proposition de parrainer l’inauguration de mon studio, il n’a pas hésité à me dire oui. Je savais qu’il était bien occupé mais il n’a pas refusé de parrainer l’inauguration de mon studio. C’était cette disponibilité qui résidait en lui. En dépit, des hautes fonctions qu’il occupait dans ce pays, il était attaché à ses racines, à sa culture. Artistiquement, il était incomparable.

S : Donc c’est pour cela que vous lui avez dédié un titre ?

A.D. : Évidemment que oui, je me dis que c’est aussi mon rôle en tant que griot, ma mère, elle aussi, était sa griotte et c’est comme cela la famille. J’ai nommé le titre de l’album « Colonel Mamadou Djerma ». C’est une façon de le remercier au vu de tout ce qu’il a fait pour moi. Comme on le dit, les grands hommes ne meurent jamais. Mais pour nous, je veux dire que dans la province de la Kossi, nous sommes inconsolables.

S : Quel souvenir gardez-vous du colonel Mamadou Djerma ?

A.D : Le jour de l’inauguration du studio est le jour qui m’a le plus marqué, bien évidemment qu’il y a plein d’autres jours mais celui de l’inauguration reste inoubliable. A chaque fois que j’avais des difficultés, que ce soit sur le plan juridique, le plan social, j’allais le voir et tous les conseils qu’il me donnait, m’aidaient à résoudre mes difficultés. Il est vrai que la majorité des Burkinabè le connaissaient comme celui qui donne les médailles de décoration mais pour moi, il était plus que cela.

Propos recueillis par Emmanuel BATIONO

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