Au nom de la Nation 

Les résultats provisoires des élections présidentielle et législatives couplées du 22 novembre sont connus. Le président sortant, Roch Marc Christian Kaboré, est largement vainqueur avec 57,87% des voix, améliorant au passage, son score de 2015 (53, 49%). Le candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) est suivi par Eddie Komboïgo (15,47%), candidat de l’ex-parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Son challenger d’il y a cinq ans, Zéphirin Diabré, est arrivé en troisième position (12,46%) contre 29,65% en 2015. Les résultats des élections législatives sont plutôt mi-figue mi-raisin pour le parti au pouvoir. Si le MPP n’a pas perdu du terrain, il n’en a pas gagné pour autant : un seul député de plus qu’en 2015 (56), ce qui est encore loin de la majorité absolue (64 élus). Mais, en comptant sur ses alliés (anciens et nouveaux) qui ont officiellement appelé à voter pour le candidat du MPP et dont certains (le NTD avec 13 députés) ont fait forte impression aux législatives, on peut subodorer que le parti au pouvoir n’aura pas de difficultés à former une majorité parlementaire qui lui permettra de légiférer sans incertitudes.

A la lumière du verdict des urnes, on peut, d’ores et déjà, avancer que nonobstant les  nombreuses difficultés qui ont émaillé son premier mandat, parmi lesquelles la crise sécuritaire et la fronde sociale, avec ses effets pervers sur l’économie nationale, le président sortant a encore reçu l’onction populaire pour conduire les destinées du pays au cours des cinq prochaines années. Preuve, s’il en était encore besoin, que son bilan, contrairement à ce que ses contempteurs les plus farouches affirment, est loin d’être mauvais auprès de la majorité dite « silencieuse ». Lesdits contempteurs, il faut le dire, se sont parfois mal illustrés, en contestant un processus électoral, certes émaillé de certaines irrégularités (trop vite qualifiées de fraudes ou de tentatives de fraudes), mais dont l’organisation a été saluée par l’ensemble des observateurs impartiaux qui ont relevé un processus clair, transparent et crédible.

Ceci dit, le président reconduit se trouve face à un chantier himalayen dans lequel la recherche de la paix, de la concorde civile et l’affermissement de la croissance font figure de priorités, si tant est qu’il ne peut y avoir de démocratie véritable et durable, sans une bonne gouvernance économique. Travail et obligation de résultats s’imposent donc. Et le nouveau programme de société du président du Faso, décliné en 10 chantiers, laisse entrevoir une perception parfaite et anticipée des enjeux, au regard des actions fortes prévues, non seulement dans le domaine sécuritaire, mais aussi pour une administration publique saine et efficace, afin de préserver les grands équilibres macroéconomiques et faire rayonner le Burkina Faso sur le plan international.

C’est, du reste, la substance de la brève adresse du président élu au siège de campagne du MPP devant ses partisans qui lui avaient promis une victoire dès le premier tour de l’élection présidentielle (« le coup KO »). Le triomphe modeste comme à l’accoutumée, Roch Kaboré a exprimé sa reconnaissance à l’endroit du peuple souverain pour la confiance renouvelée et la réussite de ce défi électoral « historique » dans un contexte d’insécurité, avec en prime l’effectivité du vote de la diaspora. « Fairplay », le président élu a félicité ses adversaires « aspirant à construire ensemble un Burkina meilleur », les rassurant de son engagement à poursuivre les efforts de concertations permanentes pour consolider la paix, apporter des solutions aux questions sécuritaires, de réconciliation et aux préoccupations de ses concitoyens sur la base du programme sur lequel il a été élu.

En tout état de cause, la nécessité de l’union, de la promotion d’une gouvernance respectueuse, faisant de l’homme la finalité du développement, doit être le credo de la classe politique. Gageons qu’elle saisira au bond l’ouverture d’esprit du président élu pour que la Nation fasse front contre le terrorisme et ses corollaires.

Par Mahamadi TIEGNA
mahamaditiegna@yahoo.fr

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