Changement climatique : Le GIEC tire la sonnette d’alarme sur l’urgence d’agir

Pour Yamina Saheb, auteur principal du chapitre 9, le rapport présente plusieurs enseignements pour le monde et l’Afrique en particulier.

A la suite de la publication d’un nouveau rapport par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur l’adaptation au changement climatique, deux des rédacteurs ont animé un point de presse, le mardi 5 avril 2022 à Ouagadougou. Ils ont présenté les principales conclusions en mettant l’accent sur l’Afrique.

Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) intitulé, « Changement climatique 2022: atténuation du changement climatique » a été rendu public, le 4 avril 2022. Deux des rédacteurs de ce rapport, Yamina Saheb et Rachid Mrabet, ont fait le point des principales conclusions aux journalistes réunis autour de l’Alliance panafricaine pour le changement climatique (PAMACC).

Selon le rapport, 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des contextes très vulnérables au changement climatique. L’Afrique, bien qu’ayant très peu contribué aux émissions des gaz à effet de serre, est pourtant la région la plus vulnérable au changement climatique qui en résulte. La vulnérabilité se traduit par les risques de déplacement de populations, les inégalités d’accès à l’éducation, à la santé, à la sécurité alimentaire ou encore l’instabilité politique.

Les experts estiment par ailleurs que les risques liés au réchauffement climatique et leurs impacts deviennent de plus en plus complexes. «Un réchauffement mondial de +1,5 °C entraînerait une augmentation de nombreux risques climatiques, et présenterait des risques multiples pour les humains et les écosystèmes : perte de biodiversité terrestre et marine, augmentation du nombre d’espèces potentiellement exposées à des conditions climatiques dangereuses, etc. », projettent-ils.

Des effets déjà perceptibles

Le dernier rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat rappelle que le changement climatique a déjà exposé des millions de personnes à une insécurité alimentaire importante et à une grande difficulté d’accès à l’eau, notamment en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. Mais si rien n’est fait, aucun continent ne sera épargné.

Aussi, le GIEC appelle à agir urgemment tout en mettant l’accent sur des options d’adaptation qui vont au-delà de la réduction des risques immédiats et à court terme pour trouver des solutions. Pour Yamina Saheb, la décennie en cours est la plus importante pour atténuer les émissions et préparer l’Afrique pour la suite.

« Les différentes feuilles de route établies pour l’adaptation des pays au changement climatique doivent maintenant être traduites en politiques concrètes », a-t-elle insisté. Interrogé sur les progrès dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris qui visait à réduire les émissions de gaz à effet de serre, Rachid Mrabet a répondu que des avancées ont été enregistrées dans les options d’atténuation, mais rien n’a véritablement bougé concernant la réduction du réchauffement.

A propos des incitations fiscales afin d’attirer des investisseurs dans l’énergie verte en Afrique, Yamina Saheb a invité les Etats à la prudence. Pour elle, au regard de la baisse du renouvelable, les Etats devraient procéder par des appels d’offres pour recruter des fournisseurs et non s’enfermer dans des accords avec eux. «Il faudra faire attention à ne pas signer le traité sur la Charte de l’énergie qui permet à des investisseurs de l’énergie, y compris dans les secteurs les plus polluants, d’attaquer un Etat pour sa politique climatique », a-t-elle prévenu.

Nadège YE

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