Cohésion sociale au Burkina Faso : des “têtes couronnées” en conclave à Koudougou

La ministre déléguée chargée de la décentralisation et de la cohésion sociale, Madiara Sagnon/Tou, a présidé, le 20 juillet à Koudougou, une rencontre de concertations régionales des chefs coutumiers et traditionnels sur le thème : ‘’Contribution des chefs coutumiers et traditionnels à la promotion de la cohésion sociale’’.

La chefferie coutumière et traditionnelle est reconnue dans notre pays et même dans de nombreux pays de la sous- région comme la plus ancienne institution de gouvernance endogène de nos populations auprès desquelles elle occupe toujours une place importante. Une chefferie qui a survécu à l’Etat colonial et aujourd’hui encore sa présence dans l’Etat démocratique postcolonial reste une réalité qui ne saurait être occultée. Du reste, les chefferies coutumières et traditionnelles ont souvent constitué un vivier de personnalités au sein duquel l’administration publique s’est tantôt trouvé des auxiliaires ou tantôt des personnes ressources pour la résolution de certaines crises sociales et politiques. Dans le contexte social actuel de notre pays marqué par des grèves à répétition, les signes évidents de radicalisation tels que les conflits à consonance religieuse, l’accroissement de l’intolérance sur le plan religieux, les prêches à connotation radicale, les propos haineux développés sur les médias et les réseaux sociaux et l’incivisme grandissant, méritent une attention particulière afin d’éviter de compromettre davantage la cohésion sociale et les efforts de développement déjà entrepris et mis en œuvre par le gouvernement. Ce sont là autant de difficultés auxquelles la nation burkinabè fait face au quotidien. Il est donc apparu nécessaire, voire un impératif pour l’Etat burkinabè de mettre en place un mécanisme de prévention et d’alerte précoce à la base.

Et les chefs coutumiers et traditionnels, au regard de leur proximité avec les populations et en tant que force de rassemblement et de mobilisation du fait de leur légitimité et de leur pouvoir de cohésion sociale, constituent un maillon fort dans le dispositif interne de prévention, de gestion et de résolution des conflits. Les chefs coutumiers et traditionnels constituent, dans ce sens, le levier sur lequel l’Etat pourrait s’appuyer pour mettre en œuvre toutes les actions visant à la consolidation de la paix et de la cohésion sociale. C’est fort de cette conviction, que le ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Cohésion sociale a initié ces rencontres régionales des chefs coutumiers et traditionnels sur la cohésion sociale. Après le lancement de ces séries de concertations régionales intervenu, le 29 juin 2020 à Banfora, Koudougou est la deuxième étape, et réunit des chefs coutumiers et traditionnels des régions de la Boucle du Mouhoun, du Nord et du Centre-Ouest afin de réfléchir aux voies et moyens pour renforcer notre vivre-ensemble.

Un maillon essentiel dans la résolution des crises

En décidant d’organiser ces rencontres régionales à l’intention des dignitaires de la chefferie traditionnelle et coutumière, le gouvernement, à travers le ministère en charge de l’administration territoriale, de la Décentralisation et de la Cohésion sociale, s’est fixé pour objectif de renforcer la cohésion sociale dans la pratique des valeurs traditionnelles et coutumières dans toutes les contrées du Burkina Faso. Pour l’atteinte de ces objectifs, trois communications constituent le contenu essentiel de la rencontre régionale de Koudougou. Les communications qui seront traitées ont pour sous-thèmes : « Cohésion sociale et rôle des chefs coutumiers et traditionnels dans la prévention, la gestion et la résolution des conflits » ; « Remous sociaux et incivisme : « Quelles contributions des chefs coutumiers et traditionnels pour un climat social apaisé ? » et enfin « Quelle contribution des chefs coutumiers et traditionnels dans la promotion des pratiques culturelles positives pour le renforcement de la cohésion sociale » ?

En présidant l’ouverture des travaux de la rencontre avec à ses côtés la gouverneure du Centre-Ouest, Irène Coulibaly et du deuxième adjoint au maire de Koudougou, la ministre déléguée chargée de la décentralisation et de la cohésion sociale, Madiara Sagnon/Tou, a indiqué que l’objectif visé par ces concertations, est de mutualiser les connaissances et savoir-faire pour une mise en œuvre concertée des différentes initiatives en matière de cohésion sociale centrées sur les pratiques coutumières et traditionnelles du Burkina Faso. S’adressant aux leaders coutumiers et traditionnels, elle a soutenu que ces derniers auront fait œuvre utile s’ils parviennent à identifier les valeurs communes du vivre-ensemble dans leurs régions respectives qui, selon elle, vont servir à jeter les bases d’un cadre stratégique et opérationnel de promotion de la cohésion sociale dans notre pays.

François KABORE

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