Colonel Assimi Goïta : un ex-otage devenu l’homme fort du Mali

Entouré de ses frères d’armes, le colonel Assimi Goïta s’est présenté à la presse comme le nouvel homme fort du Mali, le mercredi 19 août 2020. Il est le président du Conseil national pour le salut du peuple (CNSP) qui a poussé le président démocratiquement élu, Ibrahim Boubacar Keïta, à la démission et pris sa place. Agé d’une quarantaine d’années, le colonel Goïta commandait le Bataillon autonome des Forces spéciales maliennes basées à Gao dans le centre du pays, avant d’être propulsé au-devant de la scène à la faveur du coup d’Etat. Ayant reçu une formation d’élite au sein du programme Spirit of America de la CIA américaine, le colonel Goïta et son unité travaillent régulièrement avec les forces américaines, en particulier dans le cadre des exercices « Flintlock ».

Formé au Prytanée militaire de Kati, prestigieuse école d’où sont sortis les meilleurs éléments de l’armée malienne. Il est également diplômé de l’Ecole interarmes de Koulikoro, située à une cinquantaine de kilomètres de Bamako. Il a participé à des stages en France, en Allemagne et en Egypte dans le cadre d’entraînement des forces spéciales. Selon des confidences militaires, le colonel Goïta est présenté comme un homme d’action et rigoureux. Dans son intervention, le chef de la junte a dit privilégier les intérêts de la nation en prenant l’initiative de mettre fin au régime d’IBK. « Le Mali se trouve dans une situation de crise socio-politique, sécuritaire. Nous n’avons plus le droit à l’erreur. Nous, en faisant cette intervention, nous avons mis le pays au-dessus (de tout), le Mali d’abord », a déclaré le colonel Assimi Goïta.

Le Mouvement du 5-Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), principal instigateur de la vague de contestations contre le pouvoir d’IBK et qui appelait à sa démission, approuve l’avènement des militaires au pouvoir. Le M5-RFP s’engage à envisager la mise en place d’une « transition politique » aux côtés du CNSP qui, semble-t-il, a « parachevé » leur combat pour le départ du chef de l’Etat élu. Le M5-RFP a dit prendre « acte de l’engagement » du CNSP, créé par les militaires désormais au pouvoir, « d’ouvrir une transition politique civile ». L’un des porte-parole de l’opposition réunie au sein du M5-RFP, Choguel Maïga, a relayé un point de vue similaire à celui de la coalition sur les antennes de Radio France internationale.

« Cette transition a été mûrement réfléchie par le M5-RFP. Les grandes lignes ont été annoncées dans le mémoire que nous avions remis à Ibrahim Boubacar Keïta comme base de négociations et qu’il a rejeté. C’est ce document qui va être enrichi et mis sur la table autour duquel nous allons réfléchir avec le CNSP et l’ensemble des forces vives de la Nation. Je crois que les officiers que j’ai entendus et vus dans les médias depuis mercredi ne donnent pas des raisons de ne pas avoir confiance en eux », a-t-il indiqué. Une affirmation qui confirme la position de certains observateurs de la scène politique malienne qui ont parlé d’une collusion entre les leaders du M5-RFP et les chefs de la junte au pouvoir.

Des promotionnaires

En effet, sur les réseaux sociaux, il est dit que le colonel Goïta a pris part aux combats de Boulikessi (30 septembre 2019) et qu’il a été fait prisonnier en 2012 à Tinzawatene, dans le nord du Mali, par la rébellion touarègue, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), avant d’être libéré grâce à l’imam Dicko.

Plusieurs sources soutiennent que le colonel Goïta a pris le pouvoir avec ses camarades de promotion comme le colonel Malick Diaw, ayant suivi un stage en Russie. Désormais vice-président du CNSP, il était le chef adjoint du camp Soundiata-Keïta, à Kati d’où est parti la mutinerie. En plus de ces deux officiers, trois autres pilotent le CNSP qui dit vouloir continuer à travailler avec les forces internationales présentes au Mali (Barkhane, MINUSMA, Takuba, Force conjointe du G5 Sahel) et mettre en œuvre les accords de paix d’Alger, dont l’application tarde toujours, cinq ans après avoir été signés par Bamako et les groupes armés rebelles touaregs. Il s’agit du colonel-major, Ismaël Wagué, numéro deux de la force aérienne malienne qui s’est présenté comme étant leur porte-parole. C’est d’ailleurs lui qui a lu la première déclaration du CNSP. Le plus gradé des putschistes est le général Cheick Fanta Mady Dembélé. Passé par l’Ecole spéciale militaire (ESM) de Saint-Cyr (1990-1993) et l’université de l’armée fédérale allemande, diplômé de l’école d’Etat-major général de Koulikoro et titulaire d’une licence en histoire de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne ainsi que d’une maîtrise en génie civil, il était jusqu’à présent le directeur général de l’institution de maintien de la paix Alioune-Blondin-Bèye, après avoir été chargé de la gestion des conflits et de la planification stratégique à la Commission de paix et de sécurité de l’Union africaine.

Décrit, pendant un certain temps, comme étant le « nouvel homme fort » de Bamako, le colonel Sadio Camara, né en 1979, a servi dans le nord du Mali jusqu’en 2012. Puis, il a pris le commandement de l’académie militaire de Kati. Un poste qu’il a occupé jusqu’en janvier 2020, avant de partir en Russie pour y suivre une formation militaire. Il était revenu, en permission, au Mali au début du mois d’août.

Karim BADOLO

1 COMMENTAIRE

  1. Tlnzaouatine se trouve sur le territoire algérien et ne pas au Nord du Mali comme vous les dites. Et je suppose que le MNLA est une couverture des renseignements algériens.

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