Côte d’Ivoire : poursuivre la décrispation

Le dialogue politique, initié par le gouvernement ivoirien depuis une semaine, a été suspendu le mardi 29 décembre 2020. Les parties prenantes que sont la majorité, l’opposition et les organisations de la société civile se sont séparées sans accorder leurs violons sur les épineuses questions à l’origine de la guéguerre politique née en partie de la décision du président Alassane Ouattara de se présenter pour un troisième mandat. A y voir de près, la libération des leaders politiques emprisonnés après l’élection présidentielle d’octobre, le retour des exilés dont l’ex-président Laurent Gbagbo et la recomposition de la Commission électorale indépendante (CEI) constituent les véritables pommes de discorde. L’on se rappelle qu’une bonne partie de la classe politique, farouchement opposée à ce mandat de trop, avait appelé les Ivoiriens à la désobéissance civile.

Un bras de fer qui a occasionné au moins 85 morts et 500 blessés entre août et novembre 2020. La seule note d’espoir est que les deux parties semblent s’entendre sur l’organisation des élections législatives de mars 2021. Mais, l’opposition joue la carte de la prudence. Craignant de se faire rouler dans la farine, elle s’est abstenue de parapher le rapport du dialogue, tant que certains points n’auront pas été éclaircis. Il s’agit notamment de la libération de ses figures politiques, la réforme de la CEI et la révision du découpage de la carte électorale. Sachant que le rapport de force n’est pas en sa faveur, l’opposition a opté pour une position mitigée, en témoigne cette déclaration du principal négociateur du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), par ailleurs secrétaire exécutif en chef par intérim, Koffi Niamkey. « Nous avons refusé le terme d’accord et le terme de désaccord.

Il y a eu des divergences et des convergences. Le dialogue étant permanent, le processus reste ouvert », a-t-il déclaré à la fin du dialogue. L’opposition espère ainsi faire aligner le parti au pouvoir sur sa position. Même si le principal parti d’opposition, le PDCI ne s’est pas encore prononcé sur sa participation aux législatives, le Front populaire ivoirien (FPI), parti de l’ex-président Gbagbo, s’est déjà déclaré partant, la semaine dernière. Le gouvernement de son côté a pris hier 30 décembre, en Conseil des ministres, un décret fixant la date des législatives au 6 mars prochain. Les électeurs sont appelés à renouveler les 255 députés de l’Assemblée nationale. Les nuages politiques sont en train de se dissiper progressivement en Côte d’Ivoire. Il reste que les deux parties poursuivent les efforts dans le sens de la décrispation. Autant, l’opposition doit continuer à mettre la balle à terre, autant le pouvoir doit s’évertuer à tendre la main.

A commencer par l’élargissement des bases du dialogue en initiant un tête-à-tête entre les chefs des trois grands partis ivoiriens, le président Ouattara et les ex-présidents Bédié et Gbagbo. C’est à ce prix, que la Côte d’Ivoire pourra véritablement tracer les sillons d’une paix durable. Déjà, la libération de l’opposant Pascal Affi N’guessan est un signe encourageant.

Abdoulaye BALBONE

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