Décès de Kassoum Kambou : hommage à un « infatigable serviteur »

La Nation burkinabè a rendu hommage à Kassoum Kambou, président du Conseil constitutionnel, décédé le 19 février dernier à Paris, dans la matinée du 1er mars 2022 à la place de la Nation avant son inhumation au cimetière municipal de Gounghin.

L’ambiance était remplie d’émotion dans la matinée du mardi 1er mars 2022 à la place de la Nation de Ouagadougou. En effet, c’est là que la Nation burkinabè a rendu hommage à Kassoum Kambou, président du Conseil constitutionnel (CC) décédé le 19 février 2022 à Paris en France. Au cours d’une cérémonie sobre présidée par le président du Faso, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, l’ensemble des forces vives de la Nation se sont inclinées devant la mémoire de ce « grand homme » qui a servi pendant plus de 2/3 de sa vie, soit environ 40 ans, l’Etat burkinabè. Parents, collègues, amis, tous ont reconnu le professionnalisme, l’intégrité et la rigueur dont faisait montre l’illustre disparu. Très attristée par le départ de leur collègue juriste, la grande famille des magistrats s’est dit tout de même consolée par le parcours hors du commun du président Kassoum qui servira de boussole pour plusieurs générations. Des confidences faites par le président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), Mazobé Jean Kondé, il ressort que le défunt a été un infatigable serviteur de l’Etat. Magistrat chevronné aux analyses lucides, au verbe mesuré et à la plume raffinée, le parcours professionnel de Kassoum Kambou est pour M. Kondé un véritable exemple d’abnégation au travail. En effet, ayant débuté sa carrière professionnelle en 1981 comme magistrat intérimaire au Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou, il a gravi par la suite tous les échelons de la profession de magistrat jusqu’à celui de président du CC.

Des qualités unanimement reconnues

Travailleur méthodique, sobre et discret, Kassoum Kambou puisait son énergie, selon Mazobé Jean Kondé, dans son amour pour le genre humain et son attachement à la défense des droits de l’homme. Toute chose qui lui a valu, a-t-il rappelé, des tracasseries pendant de longues années jusqu’à l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 où son mérite a été reconnu avec sa nomination à la tête du CC. En plus de son parcours professionnel exceptionnel, l’homme que le monde judiciaire pleure aujourd’hui a marqué ses collègues par la simplicité de son abord et la chaleur qu’il mettait dans les rapports humains. « Il savait créer avec chacun des relations amicales de travail et de confiance. Je garde en mémoire sa grande courtoisie, sa sérénité de tout instant et sa dignité jamais prise à défaut », a témoigné le président du CSM. A titre personnel, Mazobé Jean Kondé a dit retenir de l’illustre disparu un ainé d’une agréable compagnie, un homme qui vous marque dès la première rencontre et vous laisse une impression indélébile du sentiment mêlé d’affection et de respect.

« Kassoum Kambou avait de la tenue et de la retenue parce qu’il était conscient des règles d’éthique et la gravité des charges qui incombent à tout serviteur de l’Etat. Du début à la fin, sa carrière professionnelle résonne comme une formidable leçon de déontologie post- mortelle pour tout magistrat et au-delà pour tout agent public soucieux du bien commun », a-t-il déclaré. Les qualités humaines et professionnelles du défunt président du CC contées par son homologue du CSM ont aussi été relevées par les membres de son institution au cours de l’oraison funèbre qui a précédé son enterrement au cimetière municipal de Gounghin. Aux dires de son collègue Bouraïma Cissé, doyen des membres du CC, ce sont ces qualités qui lui ont permis de relever les grands défis qui se sont présentés à lui en tant que premier responsable de la plus haute institution judiciaire. Il a cité, entre autres, l’organisation des élections couplées de 2015 à la suite de l’insurrection populaire de 2014 et celles de 2020 qui, a-t-il rappelé, se sont tenues dans un contexte sécuritaire et sanitaire difficile. De ce qu’il a dit, Kassoum Kambou savait donner du rythme aux travaux du Conseil. C’est pourquoi, « l’annonce de sa disparition a créé une immense désolation au sein du CC et dans la grande famille judiciaire qui avait encore besoin de lui ».

Un père exceptionnel

A entendre le doyen des membres du CC, les échos sur l’état de santé du président Kambou à la suite de son hospitalisation le 30 novembre 2021 inquiétaient plus d’un. Mais, a-t-il indiqué, son évacuation à Paris le 18 février dernier avait suscité de l’espoir pour ses collègues qui espéraient le retrouver en bonne santé. Malheureusement, « Dieu en a décidé autrement et nous devons nous soumettre à sa volonté », a invité M. Cissé. Il s’est dit convaincu que sa riche carrière professionnelle et la joie qu’il a semée dans les cœurs serviront de boussole pour ses collègues et les jeunes magistrats. En plus d’avoir été un collègue exemplaire, Kassoum Kambou a été aussi un père exceptionnel.

En témoignent ces mots prononcés à sa mémoire par sa fille à la cérémonie d’hommage : « Tu as été aux bons soins de ta petite famille et présent à chaque instant de nos vies. Tu nous as éduqués dans l’amour et tu as mis un point d’honneur à nous inculquer des valeurs nobles et droites ». La petite Kadi s’est dit fière des qualités professionnelles et humaines de son défunt père qui ont été unanimement reconnues. « Tu as été un grand magistrat et un exemple d’intégrité. Aujourd’hui, nous sommes en peine mais sache que nous sommes très fiers de toi et pour toutes ces valeurs que tu nous as transmises. Nous n’aurions pas pu rêver meilleur père que toi. Tu as été un mentor et un modèle. Tu nous as donné les clés pour affronter sereinement ce monde et réussir notre vision », a-t-elle salué. Elle a par ailleurs traduit sa reconnaissance au président du Faso, aux membres du CC et à l’ensemble des forces vives du Burkina qui se sont mobilisées pour rendre hommage à son géniteur. Elle a été suivie dans cet élan par le représentant de la famille, Sansan Jean Dah, qui a également exprimé la reconnaissance de la famille du disparu à l’Etat burkinabè pour le soutien dont elle a bénéficié à la suite du décès de leur fils, frère, père, époux, grand-père… Il a prié pour que la terre du Burkina Faso lui soit légère et que de là où il est, il veille sur sa famille biologique et judiciaire.

Nadège YAMEOGO

Alice SAWADOGO (Stagiaire)

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