La patrie ou la mort !

Le 1er novembre dernier, les Forces armées nationales (FAN), autant dire les Burkinabè solidaires avec les vaillantes FAN, ont célébré le 61e anniversaire de la création de ce qui était forces armées voltaïques avant de se rebaptiser forces armées du Burkina Faso à la suite du changement de nom du pays en 1984. 61 ans de l’armée collent bien avec les 61 ans de l’indépendance du pays. Depuis ce vendredi 15 janvier 2016 (date des attentats perpétrés contre un complexe hôtelier et un restaurant en plein cœur de Ouagadougou), cette commémoration revêt toujours un sentiment de deuil, de chagrin. Et pour cause, engagées pour servir et défendre jusqu’au sacrifice suprême le territoire contre des agressions, les FAN sont sur-le-champ d’honneur et font honneur à leur réputation d’intrépides guerriers formés pour faire face.

Et nos soldats, malgré ce que certains peuvent penser, sont au charbon, décidés à ne pas laisser un seul pouce à ces envahisseurs lâches, barbares et agnostiques. Le Burkina est en guerre et dans notre mémoire resurgit cette phrase, cette vision d’un digne fils de la patrie, qui a affronté la mort le jeudi 15 octobre 1987, avec douze de ses compagnons en préférant donner un sens concret à notre devise, « La patrie ou la mort ! ». En effet, en déclarant qu’un civil est bien un militaire en permission, et un miliaire, un civil en tenue, Sankara tire la sonnette d’alarme encore dans une actualité dans laquelle chacun devra puiser une part de sagesse. Où sont alors ces millions de militaires que nous constituons dans cette parenthèse douloureuse de notre vivre-ensemble ? Allons-nous sous le prétexte de « je ne me sens pas concerné », ou « il y a des gens payés pour ce travail » rester à carreaux, pleurnicher, jacasser et indexer le chef suprême des armées et aller jusqu’à l’inviter à faire un tour au front ? N’est-il pas encore temps que chacun se pose la question majeure ? Qu’est-ce que je fais pour contribuer à la lutte contre le terrorisme ? N’est-il pas temps que chacun quitte le réflexe du mort kilométrique en journalisme qui veut que mille morts au Nord, ne concernent en rien le Sud, simplement pas parce que la probabilité qu’il y ait des sudistes dans ces morts est quasiment nulle ?

Si comme le disait George Clemenceau, « la guerre est une chose trop grave pour la confier aux militaires », convainquons-nous aussi que la guerre est une chose sérieuse pour éviter que chacun opine juste pour faire dans le populisme. Si alors nous nous reconnaissons tous soldats pour la défense du territoire, pour laisser survivre femmes et enfants, alors sortons de cette posture qui veut que pendant cette période, seul le chef suprême des armées, Président du Faso Roch Marc Christian Kaboré et ses ministres techniques de la Défense et de la Sécurité avec le corps des FDS soient interpellés. Aller au front ne signifiera pas, prendre la kalach et se mettre en première ligne ; aller au front voudrait dire si Roch Marc Christian Kaboré est le chef suprême, tous les ministres sont d’office les commandants d’unités opérationnelles. Le parlement, commandant des régions militaires, et les hauts cadres, des officiers de réserve. Si toutes ces sommités s’organisent et décident de venir en soutien par exemple aux Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), aux Chefs de circonscription d’éducation de base (CCEB), districts sanitaires, aux détachements, brigades ou commissariats de leurs patelins, quels résultats aurons-nous ? Nous n’avons pas le choix. Ensemble nous vaincrons, ou ensemble nous périrons. Nous aurons alors failli, nous n’aurions pas été à la hauteur de ces fiers ascendants qui ont sué sang et eau, bataillé pour que la Haute-Volta dépecée en 1932, retrouve son intégrité en 1947, grâce à l’engagement dans l’union sacrée de la noblesse et de la classe politique. Comme en 1947, deux anciens chefs d’Etat, Jean- Baptiste Ouédraogo et Michel Kafando sont sortis récemment de leur réserve au regard de la situation qui prévaut dans le pays pour prodiguer à leurs concitoyens, des conseils de sages qui valent leur pesant d’or.

Ils invitent, en effet, « tous les fils et toutes les filles du Burkina à se mettre au-dessus de leurs divergences politiques et idéologiques, à transcender leurs polémiques stériles, improductives, infécondes, inefficaces, démobilisatrices et démoralisantes, à bannir leurs empoignades inutiles et partisanes, bref, à abandonner tout ce qui pourrait fragiliser toute réponse efficace à apporter à cette menace pesante ». Cet appel à une démonstration éclatante de la volonté commune nous commande de donner du sens à la devise nationale :la patrie ou la mort, ensemble crions alors, nous avons vaincu les terroristes.

Par Mahamadi TIEGNA mahamaditiegna@yahoo.fr

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