Le printemps des OSC

A côté des agissements dénués d’un minimum d’exigence morale de certains hommes politiques qui irritent bon nombre de citoyens ces temps-ci, il y a aussi les agitations de certaines Organisations de la société civile (OSC) qui laissent aussi à désirer. Depuis l’avènement du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), le printemps semble avoir annoncé la couleur pour beaucoup d’OSC. Quand elles ne s’organisent pas en coalition pour affirmer leur soutien aux nouvelles autorités, elles appellent à des manifestations pour appeler à telle ou telle initiative. Comme en 2015 sous la Transition, les OSC ont repris du service. Les rédactions des différents organes de presse de la place sont très sollicitées ces temps-ci pour couvrir leurs conférences de presse. Comme la plupart n’ont d’existence que médiatique, elles rivalisent allègrement sur ce terrain. Ce qui révulse le plus, c’est souvent les contenus insipides des messages qui sont partagés lors de ces sorties médiatiques.

Les déclarations liminaires sont rédigées à la hâte avec des fautes inimaginables et sans cohérence dans l’argumentaire. De quoi jeter un cinglant discrédit sur ces OSC qui ont fini par convaincre la majorité qu’elles agissent simplement par accréditation, sans une once de conviction personnelle. En effet, au regard des prises de position de certaines d’entre elles, l’on voit apparaitre la chapelle politique qui tire les ficelles dans l’ombre. Le plus écœurant, ce sont des jeunes leaders qui ont toute la latitude de former conséquemment leur jugement pour agir efficacement sur le devenir de la société et qui se complaisent dans des spectacles déshonorants. Comment une société peut-elle être si avilie au point que pour des miettes, des jeunes s’excitent devant des micros et caméras pour de la broutille ? L’engagement social et politique est un droit reconnu à tous. Toutefois, il ne saurait être vidé de tout scrupule.

Il n’y a pas que par le soutien à tel ou tel bord politique ou encore à telle personnalité que l’on peut exprimer son engagement social ou politique. Notre société croule sous le poids de tares sur lesquels l’on pourrait informer et sensibiliser à une prise de conscience responsable. Notre environnement est envahi de sachets nocifs du fait de l’incivisme débridé. Nos rues pullulent d’ordures de toutes sortes à cause des comportements moyenâgeux de certains. Les caniveaux, dédiés à l’évacuation des eaux, sont devenus des dépotoirs. Des espaces publics sont littéralement transformés en décharges publiques dans l’indifférence générale. Des passages piétons sont érigés en parkings au nez et à la barbe de tous, même ceux qui sont censés mettre de l’ordre. Mais combien sont les OSC qui prennent le temps de s’attarder sur ces maux ? Combien sont-elles à faire de la sensibilisation pour la salubrité dans nos villes et campagnes ? Combien sont-elles à organiser des journées de salubrité, ne serait-ce qu’une fois en passant ? Il y a lieu de se poser les vraies questions sur la déliquescence morale qui guette tout le monde. La responsabilité de tous est quelque part engagée dans ces attitudes qui nous installent dans la médiocrité, la recherche du gain facile et l’irresponsabilité.

Il ne suffit pas de brailler dans les médias pour montrer qu’on incarne l’idéal de changement qualitatif appelé de tous les vœux. Ce n’est pas dans la reptation éhontée devant les espèces sonnantes et trébuchantes, et surtout vertigineuses qu’une jeunesse saura porter les rêves d’un lendemain enchanteur. Certains jeunes, à force de vouer aux gémonies les aînés, ont oublié de se remettre en cause pour ne pas tomber dans leurs travers. A les voir agir, ils sont pires que ceux qu’ils vilipendent. Ce ne sont pas les gesticulations pathétiques devant les caméras qui sortiront notre société du cercle vicieux des mauvaises habitudes. Le rythme auquel une certaine jeunesse se compromet par le biais des OSC montre que nous glissons lentement et sûrement vers une société où la complaisance aura pignon sur rue. Au-delà de la colère légitime face à certains manquements, il est temps que la jeunesse fasse sa propre introspection profonde pour éviter de tourner en rond. Jean Bernard nous aura prévenus en ces termes : « La jeunesse est une belle chose non parce qu’elle permet de faire des bêtises, mais parce qu’elle donne le temps de les réparer ». A bon entendeur, salut !

Karim BADOLO

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