Le spectre du 1er septembre 2009

Depuis la fin du mois d’août 2020, le Burkina Faso enregistre quotidiennement d’importantes quantités d’eau de pluie.
De Ouagadougou à Kaya en passant par Fada N’Gourma et Kongoussi entre autres, des centaines de Burkinabè ne trouvent plus le sommeil, tant ils sont inquiets, chaque fois que de petits nuages s’amoncellent.

Des infrastructures de franchissement emportées par les eaux, des villages coupés du monde, des maisons inondées, des habitats écroulés et pire, des morts d’hommes ; tel est le quotidien de plusieurs personnes qui se retrouvent d’office dans une précarité. Pour le moment, nous sommes encore loin du désastre des inondations du 1er septembre 2009 quand 263 mm d’eau tombées à Ouagadougou avaient fait 46 morts et 195 170 sinistrés et détruit 42 000 maisons. Mais à cette allure, il y a de quoi s’inquiéter. En effet, avec les prévisions météorologiques qui annoncent la poursuite des pluies, le risque est grand que le nombre de sinistrés s’accroisse.

A titre d’exemple, dans plusieurs quartiers, notamment non-lotis de la capitale burkinabè, des centaines de ménages sont désormais sans abris, avec comme corollaire, une hausse considérable du prix du loyer dans les zones environnantes. C’est au regard de la situation que le gouvernement a déclaré l’état de catastrophe naturelle et entend mettre 5 milliards de francs CFA pour soutenir les sinistrés.

Quand on sait que le ministère en charge de l’action humanitaire et de la
solidarité nationale a du pain sur la planche avec un million de Personnes déplacées internes (PDI) à gérer, il faut présumer qu’avec les sinistrés des inondations, la ministre Marie Laurence Ilboudo, a le sommeil troublé. Comment conjuguer la gestion déjà difficile de ces PDI avec celle d’un autre drame humanitaire qui se profile à l’horizon du fait des cas de plus en plus croissants de victimes des récentes pluies ?

Comme à l’accoutumée, ces sinistrés pourront-ils intégrer les écoles alors que nous sommes à deux semaines de la rentrée des classes ? En plus des problèmes de logement et de vivres, il faut aussi ajouter la chute de la production agricole en perspective, parce qu’en campagne, les spéculations (mil, maïs, haricot) sont aussi envahies par
les eaux, compromettant sérieusement les rendements.

C’est dire qu’au-delà de la question sécuritaire, de la pandémie à coronavirus, des déplacés internes et des défis liés aux prochaines élections couplées, le gouvernement devra faire face à la prise en charge des sinistrés de ces dernières inondations sur une grande partie du territoire national. Une équation à plusieurs inconnues qui demande à chaque Burkinabè de faire vibrer sa fibre patriotique, en venant en aide d’une manière ou d’une autre, à ces sinistrés.

Ces inondations récurrentes ramènent sur la table, non seulement les questions de la qualité des ouvrages publics, mais aussi et surtout celles
de l’encombrement des caniveaux et des constructions dans les zones inondables.
Le désencombrement et le curage des caniveaux s’imposent au même titre que le déguerpissement et la démolition des constructions illégales dans les zones inondables et submersibles. Il y va de la responsabilité du gouvernement et des communes, mais surtout de la survie de chaque citoyen.

Jean-Marie TOE

Laisser un commentaire