Lutte contre le diabète au Burkina : L’ONG « Santé Diabète » crée une maison de prévention

La Coordonnatrice de l’ONG « Santé Diabète », Dr Julie Patricia Kamouni a confié que des activités de sensibilisation sont menées à tous les niveaux pour prévenir le diabète au Burkina.

Dans le cadre des activités de la Journée mondiale du diabète célébrée chaque année le 14 novembre, l’ONG « Santé Diabète » a organisé une conférence de presse le lundi 6 décembre 2021, à Ouagadougou pour parler de la maladie.

Awa Diop est restauratrice. Diagnostiquée diabétique en 2014, elle éprouve des difficultés pour vivre avec la maladie. Au rang des entraves, elle cite le traitement médical qui lui a été prescrit.  « Je suis sous Metformine et l’accès à ce produit n’est pas du tout facile. J’achète deux boites par mois. Alors que la boite coûte plus de 5 000 F CFA ». Si Mme Diop arrive tant bien que mal à se procurer ce médicament, des milliers de diabétiques ont difficilement accès au traitement. C’est d’ailleurs pour mettre en exergue cette problématique que la commémoration de la journée mondiale du diabète cette année est placée sous le thème « L’accès aux soins, si ce n’est maintenant, c’est quand ? ».

Instaurée depuis 1991, la Journée Mondiale du Diabète, organisée chaque 14 novembre, permet une mobilisation collective pour mieux faire connaître le diabète, les modalités de prise en charge et surtout les moyens de le prévenir.

Le chef de service de médecine interne du Centre hospitalier universitaire (CHU) Yalgado Ouédraogo, Pr Joseph Drabo trouve que le thème de cette année est évocateur des difficultés auxquelles sont confrontées les personnes atteintes du diabète.

« Aujourd’hui, des millions de diabétiques n’ont pas encore accès aux médicaments et produits essentiels pour diabétiques, ni à des soins adéquats, d’où l’importance du thème (accès des soins) pour la campagne 2021-2023. Il a pour objectif d’attirer l’attention sur les problèmes d’accès aux éléments fondamentaux des soins du diabète », souligne-t-il.

Selon le spécialiste, des dizaines de milliers de personnes atteintes de diabète de type 1 qui ont besoin d’insuline pour survivre et plus de 30 millions de personnes atteintes de diabète de type 2 n’ont pas accès à un approvisionnement fiable et abordable.

Pr Drabo estime que le diabète sucré est comme une véritable épidémie, et même « un problème de santé publique ».

Le chef de service de la médecine interne du CHU Yalgado Ouédraogo, Pr Joseph Drabo affirme que 2% des diabétiques sont aveugles

Il en veut pour preuve les données de l’enquête STREP du ministère de la santé et de l’OMS de 2013, selon lesquelles le Burkina compte une prévalence au diabète de 4,9%, soit environ un million de personnes atteintes de diabète.

Une maison de prévention qui va aider les diabétiques

En 2019, les personnes atteintes du diabète dans le monde se chiffraient à 463 millions, souligne Pr Joseph Drabo, en 2021, ce chiffre est passé à 537 millions soit une augmentation de 74 millions en deux ans.

Par ailleurs, le monde a enregistré environ 6,7 millions de morts parmi les personnes atteintes du diabète en 2021, une augmentation de 2,5 millions de décès par rapport à 2019, poursuit-il.

« Les prévisions sont alarmantes, la progression est fulgurante. D’ici à 2045, si rien n’est fait l’on enregistrera 800 millions de diabétiques », prévient-il.

Une alarme que le spécialiste attribue au caractère silencieux et dangereux de la maladie : « Le diabète multiplie par 8 le risque d’infarctus du myocarde (une affection cardiaque) et le risque d’amputation de l’orteil ou de la jambe du diabétique. 5 à 10% des diabétiques seront amputés dans leur vie selon les estimations de 2045 ».

Les conséquences de la maladie sont nombreuses : en plus des risques d’amputations, il y a d’autres conséquences dramatiques tels que la cécité ou l’insuffisance rénale, insiste Pr Drabo qui précise que l’obésité, la sédentarité et l’alimentation hyper calorique sont des facteurs de risque.

81% des personnes atteintes de diabète vivent dans les pays en développement ou dans les pays intermédiaires, selon le ministère de la santé et l’OMS.

Du point de vue de la prise en charge de la maladie, la lutte contre le diabète se mène sur trois volets que sont la prévention, l’accès aux soins, et au traitement, fait savoir la coordonnatrice de l’ONG « Santé Diabète », Dr Julie Patricia Kamouni. « Pour l’atteinte de ces objectifs, l’ONG « Santé diabète » travaille avec l’association des jeunes diabétiques afin de faire un plaidoyer pour que les patients puissent avoir accès à ces médicaments », informe-t-elle.

C’est d’ailleurs dans cette optique que l’ONG a mis en place une maison de prévention pour aider les diabétiques à gérer au quotidien leur santé afin d’éviter des complications, ajoute Dr Kamouni.

L’ONG «  Santé Diabète » mène aussi des activités de sensibilisation et des séances de dépistage du diabète à travers le Burkina Faso dans le cadre de la journée mondiale du diabète.

Wamini Micheline OUEDRAOGO

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