Politiques alimentaires: l’agriculture urbaine comme réponse aux crises

Il se tient, du 15 au 18 février 2021 à Ouagadougou, la IVe édition du forum régional du Pacte de Milan (ville italienne) alimentaires (MUFPP). L’ouverture des travaux est intervenue, le mardi 16 février sous le parrainage du ministre de l’Agriculture, des Aménagements hydro-agricoles et de la Mécanisation, Salifou Ouédraogo.

Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, croît au rythme de 4,4% par an sur le plan démographique. Cela représente selon, le maire Pierre Armand Béouindé, environ 200 000 nouveaux citadins de plus à nourrir chaque année. « Sachant que d’ici 2050, plus de la moitié des Burkinabè vivront dans les villes, la question d’une alimentation saine, de qualité, en quantité suffisante et accessible pour tous les citadins se pose avec acuité», a-t-il interpellé. D’où la tenue, du 15 au 18 février 2021 à Ouagadougou, de la IVe édition du forum régional du Pacte de Milan (ville italienne) sur les politiques alimentaires(MUFPP). Le forum est organisé sous le thème : «Réflexion sur les réponses aux crises : COVID-19, inondation, ou comment les villes assurent une alimentation aux populations pendant les crises». Il a pour objectifs de renforcer le réseau des villes africaines du MUFPP, d’échanger les expériences et les bonnes pratiques entre les villes et de réfléchir et discuter sur des thèmes spécifiques. A l’ouverture des travaux, le bourgmestre de la capitale a rappelé que sa ville a une longue histoire liée à l’agriculture. Depuis les années 1930, a-t-il indiqué, elle se pratique aux abords des points d’eau et aujourd’hui, grâce à des périmètres maraîchers aménagés, elle peut être pratiquée toute l’année. M. Béouindé a signifié, que malgré la mise en place de nombreux projets en vue de montrer l’engagement de la commune de Ouagadougou envers une alimentation urbaine de qualité, les questions de sécurisation des espaces agricoles est d’actualité dans le désormais territoire du « Grand Ouaga » où la pression foncière est très grande. « Ces questions nécessitent invariablement des concertations multi-acteurs avec les ministères de l’Agriculture, de l’Urbanisme et de la Santé au regard de l’importance que revêt la question de la saine alimentation », a déclaré le maire de la capitale. Qu’à cela ne tienne, il a fait cas du projet « Ensemble, bouclons la ceinture verte de Ouagadougou », une initiative participative impliquant les entreprises citoyennes qui s’engagent à reboiser un hectare de forêt par an. Pour la représentante pays de l’ONG ACRA, Katelyn Ruisma, la sécurité alimentaire est un sujet souvent oublié en parlant des villes.

Les ressources alimentaires limitées

Pourtant, le taux d’urbanisation sur le continent africain ne fait qu’augmenter la pression sur les ressources alimentaires déjà limitées dans les centres urbains.
A son avis, l’exploitation de la ceinture verte pour la culture maraîchère et la plantation d’arbres fruitiers est une initiative à saluer, en ce sens qu’elle permettra de répondre aux besoins croissants de la population de la ville. « J’espère que ce forum permettra à la ville de Ouagadougou d’apprendre de bonnes pratiques aux autres villes participantes», a-t-elle souhaité.
Quant au ministre de l’Agriculture, des Aménagements hydro-agricoles et de la Mécanisation, Salifou Ouédraogo, par ailleurs parrain de la cérémonie, il a rappelé que l’agriculture urbaine est non seulement une opportunité, mais une nécessité pour nourrir des populations, offrir des emplois, générer une économie verte et prospère. « Le MUFPP, à travers ses axes de gouvernance alimentaire locale et d’appui à la production alimentaire, répond aux objectifs du Plan national de développement économique et social, notamment à son axe 3 portant sur la dynamisation des secteurs porteurs de l’économie et des emplois dans le volet
agricole», a expliqué le ministre. Se référant au thème du forum, il a souligné que les villes ont souffert des pressions conjoncturelles qui se sont exercées sur les systèmes alimentaires au plus fort de la crise sanitaire. Mais avec preuve de résilience, elles se sont adaptées à leurs habitudes en se tournant vers la consommation locale. Afin de poursuivre cette résilience, le ministre Ouédraogo a dit que son département va accompagner les communes à relever les défis liés à l’agriculture urbaine, afin d’en faire un secteur d’activités pérennes pour la production alimentaire et la création d’emplois décents dans les villes du Burkina Faso. L’ambassadeur d’Italie au Burkina Faso, Andrea Romussi, a, pour sa part rassuré de sa disponibilité à accompagner ce forum dont l’importance, selon lui, n’est plus à démontrer. En rappel, le MUFPP est un texte qui exprime une volonté politique claire d’aller vers des systèmes territoriaux durables et donne des solutions concrètes pour y parvenir. Il a été signé le 15 octobre 2015 à Milan et compte 184 villes signataires dans le monde. Au forum de Ouagadougou, ils sont une centaine de participants représentant des villes d’Afrique et d’Europe.

Paténéma Oumar
OUEDRAOGO

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