Riposte au coronavirus au Centre-Ouest : La province du Ziro sur le qui-vive

Le haut-commissaire du Ziro, Boureima Tiendrebéogo, par ailleurs président du comité provincial de lutte contre les épidémies, rassure que le coronavirus ne passera pas par sa province.

Plus de six semaines après l’apparition du coronavirus au Burkina Faso, la région du Centre-Ouest fait partie des régions épargnées jusque-là par le COVID-19. Dans le Ziro, l’une des quatre provinces de la région, la mobilisation pour maintenir la zone à l’abri du coronavirus est grande.

C’est une province du Ziro sur le qui-vive, que nous avons découverte le 16 avril. Tout comme dans d’autres localités, les habitudes ont complètement changé sur le plan social. Au haut-commissariat où nous sommes allés à la rencontre du premier responsable, par ailleurs président du comité provincial de lutte contre les épidémies ; pas de poignée de main ni de rapprochement.

Entouré de ses plus proches collaborateurs, le tour d’horizon est fait sur la stratégie de lutte contre le coronavirus dans la province. Selon le haut-commissaire, Boureima Tiendrebéogo, l’application des différents textes pris au niveau national et régional est une réalité afin de barrer la route au coronavirus. Des instructions ont été données aux services compétents pour l’application rigoureuse de ces textes, notamment les mesures barrières, la distanciation sociale, l’annulation des regroupements de plus de 50 personnes, la sensibilisation des commerçants dans les différents marchés de la province, etc.

Malgré les moyens « très limités » du Ziro, le comité provincial de lutte contre les épidémies ne manque pas d’ingéniosité pour mener la lutte contre le coronavirus. A en croire le haut-commissaire, c’est une lutte de survie qu’il faut forcément gagner. C’est pourquoi, à Sapouy le comité provincial de lutte contre les épidémies est accompagné par différentes associations de la place. Il s’agit principalement de l’Association promo monde rural (APMR) du conseil provincial des jeunes, de même que celui communal.

A en croire le haut- commissaire, ces structures jouent un rôle important dans la prévention contre le coronavirus à travers des séances de sensibilisation. La trouvaille au niveau de la province du Ziro pour ce qui concerne la sensibilisation est toute spéciale. Elle consiste à diffuser des messages de sensibilisation la nuit, aux heures du couvre-feu, avec l’accompagnement de la sécurité à travers des dispositions spéciales qui permettent aux crieurs publics et aux jeunes formés, de diffuser l’information dans toute la ville de Sapouy ainsi que dans les communes rurales de la province.

Une façon de faire, qui n’échappe à personne en ce sens que tout le monde est à la maison. Naturellement, les radios locales sont mises également à contribution pour la diffusion des messages, mais aussi et surtout, les directives nationales arrêtées dans le cadre de la lutte contre le Covid 19.

Un manque criant de moyens

A Sapouy, la province manque cruellement de matériel de prévention si bien que la lutte est très âpre dans cette partie de la région du Centre-Ouest. En prenant l’exemple rien que sur les lave-mains, il en manque à tel point que tous les services publics n’en disposent pas. Pour l’heure, en dehors de ce qui transite par le comité régional au profit des structures de santé, la province a également bénéficié du soutien de ses deux députés que sont Reine Sakandé et et Nama Baoui, en kits de lave-mains.

C’est ce qui soulage un tant soit peu les angoisses du comité provincial de lutte contre les épidémies, confesse le haut- commissaire de la province. Pour ce qui concerne la contribution des partenaires au développement, l’Association promo monde rural (APMR), au-delà de la sensibilisation, s’engage matériellement au côté du comité provincial de lutte contre les épidémies.

En effet, à la date du 16 avril, elle avait déjà acquis du matériel en instance d’être remis au comité provincial. Selon la directrice exécutive de l’APMR, Aminata Bonkoungou, ce matériel est composé de trente lave-mains, dix cartons de savon Citec, trois cartons de 24 bouteilles chacun de gel hydroalcoolique, quatre bidons de 20 litres de solution hydro- alcoolique, et des cache-nez.

Sur le terrain de lutte contre le COVID-19, l’APMR organise des activités de sensibilisation à grande portée et de proximité, c’est-à-dire de porte-en-porte, précise Mme Bonkoungou. Dans la même dynamique, elle forme aussi des pairs éducateurs qui vont à l’intérieur des villages pour sensibiliser la population.

Une mobilisation sans faille

Selon le médecin-chef du district sanitaire de Sapouy, Dr Rémy Nayaga, à la date du 16 avril, aucun cas de coronavirus n’est à signaler dans l’ère géographique de son district. Une situation favorable qui galvanise l’ensemble des acteurs de la santé de la province répartis dans la trentaine de formations sanitaires à se donner corps et âme pour garder la province à l’abri.

Cependant, déplore le MCD de Sapouy, le manque de lave-mains dans les formations sanitaires mérite d’être comblé. Au regard de la structuration d’un CSPS, il en faut trois à quatre lave-mains pour avoir la certitude que cet aspect « laver les mains » soit une réalité. En effet, explique Dr Nayaga, il ya le dispensaire, la maternité, le dépôt MEG qui accueillent permanemment des usagers.

Mais à la date du 16 avril, plus de la moitié de ces structures sanitaires ont seulement soit un ou deux lave-mains. Quant au personnel médical, le MCD rassure qu’une dotation en matériel de protection et de travail a été reçu même si cela reste insuffisant. Qu’à cela ne tienne, la volonté et le don de soi ont pris le dessus et la lutte se mène sans murmure par l’ensemble des acteurs de la santé. Et sans le souhaiter, le MCD rassure qu’en cas de survenu d’un cas, la province sur le plan sanitaire est prête pour une éventuelle prise en charge.

Sur le plan sécuritaire, le directeur provincial de la Police nationale du Ziro, le commissaire de police, Léonard Bado et le commandant de la brigade de gendarmerie de Sapouy accomplissent en parfaite complicité le travail sur le terrain. La surveillance du territoire provincial est assurée par les deux entités, de même que le succès du couvre-feu, instauré à l’effet de minimiser la propagation du coronavirus, est une affaire maîtrisée par les deux forces.

Des patrouilles sont conjointement menées dans la ville de Sapouy mais aussi à l’intérieur de la province, dans les communes rurales. Et selon le directeur provincial de la police, ils ont affaire à une population disciplinée si bien que le travail se passe très bien avec à la clé, le respect strict du couvre- feu dans le Ziro. Cependant, précise le commandant de la brigade de gendarmerie, il ya eu un compromis entre les forces de défense et de sécurité et la population pour ce qui concerne le couvre-feu.

Il s’agit de l’épineuse question d’eau qui n’est disponible que la nuit pendant les heures de couvre-feu à Sapouy-ville. Après avoir commencé à réprimer les fautifs dès les premières nuits, les FDS se sont rendues à l’évidence de la réalité implacable de ce problème d’eau.

C’est pourquoi, un compromis a été trouvé et qui permet aux populations en majorité des femmes, de se ravitailler la nuit sous surveillance des FDS qui ont juste trouvé là un second rôle, celui d’acteurs de sensibilisation autour des fontaines, la nuit venue. Ce compromis était devenu plus que nécessaire, selon le commandant de la brigade de gendarmerie, en ce sens qu’on ne peut pas demander aux populations de se laver régulièrement les mains, alors qu’elles ne disposent pas d’eau.

François KABORE

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