Sahel : Barkhane fait sa mue

Il faudra attendre la fin du mois de juin pour être davantage situé. En effet, lors d’une conférence de presse hier jeudi 10 juin 2021, le président français, Emmanuel Macron, a annoncé la fin de l’opération Barkhane au Sahel. Il a évoqué une « transformation profonde » qui sera accompagnée de la mise en place d’une alliance internationale antiterroriste dans la région. « La lutte contre le terrorisme sera faite avec des forces spéciales structurées autour de l’opération Takuba avec évidemment une forte composante française, avec encore plusieurs centaines de soldats et des forces africaines, européennes, internationales qui aura vocation à faire des interventions strictement de lutte contre le terrorisme », a précisé le président français.

Ces annonces du président français étaient plus ou moins prévisibles au regard de l’évolution de la situation sur le terrain. En effet, l’opération Barkhane, forte de plus de 5 000 hommes, est la plus coûteuse (plus d’un milliard d’euros par an) des interventions militaires françaises à l’étranger. En plus de ces importantes ressources, la France enregistre de nombreuses pertes en hommes sur le terrain, le tout couronné par des accusations de pillage de ressources, mais aussi et surtout des soupçons d’armer les groupes terroristes qui écument la bande sahélo-saharienne. Agacé par cette «ingratitude » de ses partenaires sahéliens, le président Macron avait convoqué le Sommet de Pau en janvier dernier, pour demander aux chefs d’Etat du G5 Sahel de « clarifier » leurs positions. Les récentes pertes d’influence en Centrafrique et plus ou moins au Mali ont dû précipiter la décision de Macron de mettre fin à l’opération Barkhane. On le sait, en mi-février, lors d’un sommet à N’Djamena avec les partenaires du G5 Sahel (Tchad, Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritanie), le président français avait annoncé que Paris ne comptait pas réduire « dans l’immédiat » les effectifs de Barkhane.

L’annonce de ce faux départ a au moins le mérite de mettre nos pays face à leurs responsabilités, parce que la France ne saurait se substituer aux Etats dans la lutte contre le terrorisme. Chaque pays ou organisation sous régionale doit se donner les moyens de lutter contre les terroristes, quitte à bénéficier du soutien des partenaires bilatéraux et multilatéraux dont celui de la Coalition internationale Takuba qui prend progressivement forme.

L’indépendance totale que les Africains revendiquent et les ingérences qu’ils dénoncent s’accommodent très mal avec leur statut d’assistés permanents. C’est là le revers de la médaille et il faut assumer. Ensemble et unis, nos pays disposent des ressources nécessaires pour faire face à l’hydre terroriste, pour peu qu’il y ait une réelle volonté politique.

 Jean-Marie TOE

 

 

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