Un maillage à vocation offensive

Point besoin d’être forcément un expert en questions de stratégie militaire pour comprendre que le désossement du groupement central des armées pour habiller de nouvelles entités est la conséquence d’un besoin affiché et affirmé d’aller à l’offensive. Dans cette optique, les Burkinabè doivent se réjouir du fait que depuis longtemps, l’armée et le gouvernement ont compris la mécanique terroriste qui opère dans notre pays. Du reste, le Premier ministre, chef du gouvernement, Albert Ouédraogo, l’a suffisamment dépeint lors de son interview accordée à la télévision nationale. Les villes garnisons désormais ont ceci de commun : elles sont au maximum à cent kilomètres de la capitale Ouagadougou et peuvent être comprises comme des remparts ayant l’œil à la fois sur Ouagadougou que sur leur entité géographique.

Koudougou revient dans le giron. Cette ville dans les années de la Révolution démocratique et populaire abritait bien le bataillon d’intervention aéroportée sous le commandement du capitaine Boukari Kaboré, « le lion du Boulkiemdé ». Elle gagne à nouveau sa posture en abritant le Bataillon du génie militaire dans le Boulkiemdé. On comprend bien l’enjeu de cette ouverture d’une entité militaire entre Dédougou et Ouahigouya. Quant au Bam, Kongoussi, où sera implanté le 10e Régiment de commandement d’appui et de soutien (RCAS), le pouvoir a donné une suite favorable à une requête de la population. Bam, c’est à la fois Ouahigouya à un jet de pierre de Kaya, première région militaire, harcelé par d’innombrables attaques terroristes. Zorgho à 110 kilomètres de Ouagadougou avec le Bataillon du Train dans le Ganzourgou, aura bien l’œil sur Koupèla à moins de soixante-dix kilomètres et proche à la fois de Fada N’Gourma et de Tenkodogo. Enfin le Bazéga, Kombissiri, à la lisière de la capitale et proche à la fois de Pô, ville garnison depuis, aura le Bataillon des Transmissions stratégiques des armées. Félicitations aux autorités militaires qui ont consacré un maillage opérationnel de l’armée sur le territoire national ? Pourquoi pas.

Même si les Burkinabè devront attendre l’après 15 octobre, délai de rigueur du fonctionnement de ces entités. Qui plus est, si ces nouvelles entités sont parées de logistiques nouvelles, alors. Mais une question demeure et pour laquelle le gouvernement et les stratèges des armées devront pouvoir renseigner les populations. Dans les années de la Révolution, pour des besoins certainement liés à la sociologie sous régionale et aux défis militaires, le Burkina était divisé en six régions militaires et autant de légions de gendarmerie. Aujourd’hui, le contexte sécuritaire ne pousse-t-il pas à augmenter les régions militaires ? Fada, Tenkodogo, Koudougou, doivent-ils toujours dépendre de Ouagadougou, siège de la troisième région militaire ? Gaoua et Dédougou de Bobo-Dioulasso ? Dori ou Ouahigouya de Kaya ? Seuls les experts de la chose militaire pourront y répondre. Mais quoi qu’il en soit, ce nouveau maillage donne satisfaction aux populations qui se sentiront mieux protégées. En attendant leur entrée sur le théâtre des opérations.

Jean Philippe TOUGOUMA

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