Vers un retour de l’Algérie au Sahel ?

La visite du ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra au Mali la semaine dernière annonce-t-elle le retour de l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme au Sahel ? L’on serait tenté de répondre par l’affirmative. Même si rien de concret n’a été dévoilé lors de ses entrevues avec les autorités maliennes, tout laisse penser qu’elles augurent de nouvelles perspectives de coopération dans la lutte contre l’hydre terroriste au Mali et au Sahel. Acteur-clé dans la médiation sur la crise malienne, l’Algérie avait pris ses distances avec la présence des forces onusiennes de la MINUSMA, de Barkhane et de la force conjointe G5 Sahel dans la sous-région.

Le retrait annoncé de la force française Barkhane du Mali et sa transformation en une opération militaire européenne redistribue les cartes. Dans ce contexte, l’Algérie entend jouer un rôle de premier plan dans la crise sécuritaire qui secoue le Sahel depuis quelques années. Le séjour du chef de la diplomatie algérienne au Mali pourrait faire bouger les lignes dans le cadre des accords d’Alger qui peinent à être appliqués. Sur le terrain de la lutte contre le terrorisme, l’on pourrait voir l’opérationnalisation de la force CEMOC, la structure militaire et de sécurité sous régionale créée par Alger et restée jusque-là inopérante. Pour avoir été confrontée au terrorisme durant la décennie 90 sur son propre territoire, l’Algérie jouit d’une grande expérience qui peut être bénéfique aux pays du Sahel que sont le Mali, le Burkina Faso et le Niger dans ce domaine.

Il reste à poursuivre cet élan de coopération avec les autorités algériennes afin qu’il puisse insuffler une nouvelle donne dans le combat contre le péril terroriste qui compromet bon nombre d’initiatives de développement dans le Sahel. De leur côté, les autres Etats sahéliens qui font face au terrorisme devraient s’inscrire dans une dynamique qui encourage l’Algérie à s’engager véritablement dans cette lutte. En se donnant les possibilités et les moyens de coopérer sur le plan sécuritaire, les pays voisins du Sahel pourront mieux contrer la menace et l’étouffer à jamais. En faisant le pari de dialoguer et de dépasser certaines considérations, ils pourraient unir leurs efforts pour mieux affronter un ennemi dont la logique est d’instaurer le chaos.

Cette volonté de l’Algérie de se tenir aux côtés des Etats du Sahel pour éradiquer le terrorisme mérite une attention particulière. Il faut une coopération transfrontalière efficiente pour espérer des résultats probants dans cette lutte de longue haleine. La contribution du « grand voisin algérien » est essentielle dans le retour de la stabilité et de la paix au Mali et dans l’espace du G5 Sahel. C’est pourquoi les autorités maliennes et algériennes devront poursuivre les discussions qui pourraient déboucher sur une volonté commune de faire front commun contre la nébuleuse terroriste.

Karim BADOLO

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