Quand des cupides jouent avec notre santé

C’est connu de tous, le Burkina Faso est un pays à vocation agropastorale. Le secteur de l’élevage occupe plus de 80% de ses ménages ruraux. Depuis longtemps, le pays pourvoit la sous-région en bétail et volaille, notamment la Côte d’Ivoire.

Au niveau national également, la consommation de viande est ancrée dans les mœurs. Seulement, cette consom-mation ne se fait pas toujours dans les conditions d’hygiène requises. En effet, en ville comme en campagne, il n’est pas rare de voir des animaux égorgés et dépecés dans des endroits insalubres tenant lieu d’abattoir.

Du transport de la viande au marché jusqu’au fond de la marmite en passant par les tables de découpage et de vente, les mesures d’hygiène sont souvent foulées aux pieds. C’est ainsi que dans les grandes agglomérations comme Ouagadougou, les carcasses de bœufs et de moutons sont transportées sur des motocyclettes, des tricycles où des voiturettes avec comme seul moyen de protection, des morceaux de papier volant.

Ce, en dépit de l’interdiction de ce type de transport par la commune de Ouagadougou. A se demander donc si ceux qui estiment que le Burkina Faso a les plus beaux textes et lois mais qui, malheureus-ement, ne s’appliquent jamais n’ont pas raison. Dans ce cas précis, il suffit d’emprunter quelques artères de la ville pour s’en convaincre. Le phénomène a, en apparence, diminué mais il est toujours présent.

Les contrôles vétérinaires qui devraient attester de la bonne qualité de la viande sont aussi contournés pour éviter que le produit soit retoqué. Il est peut-être vrai que certains le font par ignorance mais, ils sont plus nombreux à être guidés par la cupidité.

« Pourvu que j’obtienne ma part, la santé des autres, je m’en fous », peut-on résumer ainsi leur philosophie. Que faire face à une telle situation ? Nul doute qu’il faut entreprendre des actions de répression à l’encontre des bouchers, la sensibilisation ayant montré ses limites. Il faut cependant poursuivre la sensibilisation auprès des consommateurs, car certains sont très peu regardants sur l’hygiène de la viande qu’ils achètent.

Il faut aussi inciter les structures chargées de l’hygiène alimentaire à plus de rigueur. Le contrôle ne devrait pas être une simple formalité. Les responsables com-munaux doivent se sentir concernés en premier parce qu’ils ont le devoir de garantir la santé de leurs populations. Ils doivent réaliser des abattoirs modernes dignes de ce nom et veiller à leur bon entretien.

Daniel ZONGO