Changer de vision

A chaque forum ses enjeux et sa cible. Celui qui s’est tenu à Bobo-Dioulasso, la capitale économique du Burkina Faso, du 18 au 21 septembre 2019 interpelle clairement la jeunesse son « rôle et sa responsabilité  dans l’édification d’une nation unie, prospère et émergente dans un contexte de lutte contre l’insécurité ». C’est, en effet, sous ce thème que le forum national des jeunes (FNJ) a réuni les acteurs venus des treize régions du pays. Il apparait que la frange la plus importante de la société Burkinabè est appelé à jouer pleinement sa partition dans cohésion sociale et le développement mis à rude épreuve par une situation sécuritaire de plus en plus préoccupantes par les attaques terroristes quasi quotidien. Quelle est la place des moins de 25 ans qui font plus de la moitié de la population burkinabè dans les stratégies et programmes de développement socioéducatif et économique du pays ? Que révèle le diagnostic de leur quotidien ? Quels perspectives et quelles réponses aux préoccupations des jeunes dans leurs singularités (urbains, ruraux, diaspora, élèves et étudiants).

Ce sont là quelques-unes des préoccupations lors de ce FNJ 2019 dans la ville de Sya face au Président du Faso qui a pris l’engagement « d’inverser la tendance actuelle qui consiste à former plus de généralistes que de techniciens » par des initiatives concrètes en matière de la formation professionnelle des jeunes. Comme il fallait s’y attendre, l’alphabétisation des jeunes ruraux, la santé, les besoins de financement, mais surtout, la question de l’emploi demeure le casse-tête de « la majorité bouillante » exposés à différents fléaux tels que la drogue, le nouveau phénomène des boissons
« frelatés », l’épidémie des grosses en milieu scolaire, la qualité décroissante d’année en année des enseignements. Il faut reconnaitre que certains d’entre eux parviennent, malgré tout, à se faire une place au soleil. Grâce à leur abnégation et leur courage, ils ont battu en brèche cette rampante présomption d’incapacité qui frappe la jeunesse pour devenir des modèles aujourd’hui. Avec ou sans le soutien de l’Etat, ils se sont imposés dans des domaines comme l’agriculture, l’élevage, le commerce,…que le FNJ a eu la lumineuse idée de récompenser à chaque édition. Face à la réalité un secteur public n’absorbant a peine 2% des demandeurs d’emplois du pays et un secteur privé peu sur car informel, l’esprit entrepreneurial n’est pas une option mais une nécessité pour la jeunesse. Heureusement ils sont de plus en plus nombreux à comprendre cette donne qui demande a être conforté par des programmes publics clairement orientés vers l’auto emploi, cette autre vision du travail ou la jeunesse, véritable fer de lance du développement, exprime son vrai potentiel, car il y a encore beaucoup d’opportunité à saisir.

Fort de l’engagement renouvelé de l’Etat au FNJ 2019 dans la défense de la cause de la jeunesse, cet idéal est bien réalisable avec un soutien de choix, en la personne du président de l’Assemblée nationale, parrain 2019 des jeunes du Burkina Faso. En dehors de ces prises de position ambitieuses en faveur des jeunes, la nouvelle orientation du gouvernement qui consiste à mettre un accent particulier sur l’apprentissage pratique à travers la création de lycées scientifiques (qui viennent s’ajouter aux centres de formation) peut constituer une lueur d’espoir pour les jeunes.
Ceux-ci savent maintenant que l’on ne devrait plus aller à l’école seulement pour apprendre à écrire, à manier la langue de Molière et à obtenir des diplômes. Ils doivent pouvoir désormais en sortir avec des connaissances pratiques à mêmes de constituer une base de la vie active.

Mahamadi TIEGNA

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