Cohésion sociale: l’exemple du Marathon Houet de Sidwaya

Romain T. Nikièma de l’élite nationale à l’arrivée après 1h 11mn 43s.

Il y a des événements sportifs qui sont vus comme un simple spectacle et d’autres plus qu’un engagement de promotion de la paix et de la cohésion sociale. Le Marathon Houet de Sidwaya appartient à la seconde catégorie. A 6 heures du matin, ce samedi 8 novembre 2025, quand la lumière perçait à peine les nuages, dans la cour de la Direction régionale de l’Ouest (DRO) des Editions Sidwaya, l’on ne voyait pas seulement des athlètes. Il était donné de voir une société, une population qui cherche à se brasser. Il est vrai que ce marathon était une course, c’était aussi et surtout un symbole.

A l’heure où la Nation burkinabè continue de se battre pour la sécurité, la paix, l’unité et la dignité, courir ensemble devient un catalyseur de cette cohésion, tout en traduisant le refus du repli et de la division. Le thème même de cette édition, « Le sport, facteur de paix et de cohésion sociale » en est l’illustration parfaite. Il était le cœur battant de l’événement. Le ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, Pingdwendé Gilbert Ouédraogo en donnant le départ, ne s’est pas trompé dans son mot.

« Le sport montre ce que l’effort collectif peut accomplir quand le cœur et la tête y sont », a-t-il relevé. Et ce samedi, le cœur y était. Les cris d’encouragement et l’admiration des habitants de Sya tout au long du parcours en étaient la preuve. Sur le plan compétitif, les performances méritent d’être saluées. Daouda Konaté, vainqueur de l’élite régional sur les 10 kilomètres en 34mn 25s, a rappelé que la région du Guiriko possède un réservoir de talents qu’il ne faut ni ignorer, ni sous-estimer. Dans l’élite national, Romain T. Nikièma a inscrit son nom en lettres d’or de cette première édition du Marathon Houet de Sidwaya en franchissant les 21 kilomètres en 1h 11mn, en homme sûr de son travail et de son endurance.

Ces victoires, certes individuelles, nourrissent une fierté collective : celle de voir des jeunes qui n’attendent pas que l’on leur donne, mais qui démontrent par l’effort ce que l’on peut conquérir. Pour autant, la dimension la plus marquante n’a pas été l’arrivée des premiers, mais les arrivées des autres. Ceux qui venaient plus tard, essoufflés, parfois brisés, mais jamais vaincus. Ceux qui ont tenu la main d’un partenaire pour franchir la ligne ensemble, refusant le triomphe solitaire. Ceux qui ont couru non pas pour battre, mais pour appartenir sont ceux qui ont donné au marathon son véritable sens. Et, c’est là que le choix des Editions Sidwaya prend toute sa portée.

Le « Journal de tous les Burkinabè », fondé pour informer et fédérer, ne pouvait se limiter éternellement à la parole imprimée. En lançant ce marathon, Sidwaya sort de ses pages pour entrer dans la rue, dans les corps, dans le souffle partagé. Le projet n’est pas de divertir, mais de relier. Et, il faut le dire, cette stratégie est pertinente. La presse nationale ne doit pas seulement commenter la société ; elle doit y participer. Ce marathon rappelle enfin une vérité fondamentale : la cohésion n’est pas un slogan, c’est un travail. Courir ensemble, c’est accepter que l’autre soit là, avec sa fatigue, son rythme, ses forces, ses doutes. C’est accepter de ne pas gagner seul. Et c’est peut-être là que réside la leçon la plus forte : nous ne construirons pas ce pays en solitaire. Le Marathon Houet est né. Il a marché. Il a couru. Il a respiré. Et surtout, il a fait respirer ensemble. La deuxième édition n’est pas seulement souhaitable. Elle est nécessaire. Parce que courir aujourd’hui, au Burkina Faso, c’est continuer de croire en nos capacités de rester toujours debout.

Kamélé FAYAMA

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