Commentaire Ouganda : qui remportera le duel ?

La campagne pour la présidentielle du 15 janvier 2026 en Ouaganda, pays d’Afrique de l’Est, a démarré depuis plusieurs semaines et met en lumière 8 candidats aux fortunes et ambitions diverses. Si chaque prétendant croit à ses chances, ce scrutin donnera incontestablement lieu à un nouveau duel entre le chef de l’Etat sortant, Yoweri Museveni, 81 ans et la figure de proue de l’opposition, la star du reggae, le quarantenaire et ex-député Robert Kyagulanyi alias « Bobi Wine ».

Les Ougandais vont-ils choisir la continuité en renouvelant leur confiance au tenant du pouvoir depuis près de 40 ans ou opter pour une rupture en se tournant vers la jeunesse ? La question fait débat et on attend d’en avoir le cœur net, en fonction de ce que l’histoire disposera pour l’avenir. En tous les cas, le chanteur devenu politicien, Bobi Wine, pense pouvoir triompher dans les urnes et bâtir un nouvel Ouganda, tant ses compatriotes voient l’avenir autrement. Il avait perdu le duel de 2021 face à Museveni et espère que cette fois-ci sera la bonne.

Si Bobi Wine est ambitieux, il sait que le chemin qui mène à la Présidence de la République est parsemé d’embuches, dans un Etat dirigé d’une main de fer par son rival. L’opposant a été plusieurs fois interpellé pour s’être attaqué à la gouvernance du chef de l’Etat sortant. Bobi Wine sait qu’il est loin d’être en terrain conquis et qu’il ne sera pas aisé de déboulonner Museveni, aux commandes du pays depuis quatre décennies, avec un enracinement profond dans les esprits. Exempté de contrainte de limite d’âge et de mandat, la Constitution n’en fixant pas, Museveni, qui passe pour le dirigeant que personne ne peut remplacer, entend rempiler et demeurer à la tête de son pays. Si cet ancien rebelle s’est imposé comme chef de l’Etat pendant tout ce temps, c’est qu’il est perçu comme un sauveur, celui qui a mis l’Ouganda sur la voie du développement.

Tout le mérite revient à Museveni d’avoir stabilisé son pays et œuvré à ce qu’il vive une croissance économique appréciable. Le pays table d’ailleurs sur une croissance de 8% par an sur les cinq prochaines années, grâce, entre autres, au démarrage de la production de pétrole brut et à des investissements dans certains secteurs tels les infrastructures de transport et l’électricité. La production du pétrole brut envisagée devrait contribuer à porter la croissance à deux chiffres au cours de l’exercice 2026/2027, selon le ministère ougandais des Finances.

Le Fonds monétaire international (FMI) a confirmé cette tendance, qui devrait améliorer durablement le solde budgétaire et le solde courant de l’Ouganda. Museveni surfe sur ces bonnes projections, qu’il compte parmi ses acquis, pour solliciter à nouveau le suffrage de ses compatriotes, dans le but de continuer à développer le pays. Vu sa relative popularité et ses assises, Museveni semble parti pour conserver son fauteuil, sauf tremblement de terre, même si les opposants dénoncent sa politique de répression systématique des voix discordantes. Bobi Wine pourra-t-il créer la surprise en lui barrant la route ?

Kader Patrick KARANTAO

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