Créée en 2011, l’association Ratamalgré milite, entre autres, en faveur de l’amélioration des conditions de vie ou de la libération des personnes incarcérées dans les maisons d’arrêt et de correction du Burkina Faso. Dans cette brève interview accordée à Sidwaya, son président, Ratamalgré Assibo Ouédraogo, plaide pour une libération provisoire des personnes condamnées dans le procès de trafic de carburant le 21 décembre 2021.
Sidwaya (S) : Quel est le domaine d’intervention de votre association ?
Ratamalgré Assibo Ouédraogo (R.A.O.) : Notre association a été créée en 2011 et a son siège à l’arrondissement 5 de Ouagadougou. Elle est à but non lucratif. L’Association Ratamalgré vient essentielle- ment en aide aux personnes en difficultés, celles qui sont démunies et surtout les personnes incarcérées dans nos différentes maisons d’arrêt et de correction. Nous avons véritablement fait du sort des prisonniers notre cheval de bataille.
S : Pourquoi demandez-vous la libération provisoire des personnes qui ont été condamnées dans le cadre du procès des présumés contrebandiers de carburant le 21 décembre 2021 ?
R.A.O. : Cela entre, comme je viens de le dire, dans le cadre des missions que s’est assignée notre association depuis sa création. Notre démarche est purement d’ordre social et humanitaire. Nous demandons leur liberté provisoire afin de leur permettre de retrouver un tant soit peu leur famille.
Ils étaient au départ plusieurs dizaines de personnes à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Aujourd’hui, il ne reste que quelques personnes. Au départ, il leur était reproché d’avoir vendu du carburant aux terroristes. Mais au cours du jugement, aucune preuve n’a été retenue contre elles en ce qui concerne la vente de carburant aux terroristes.
Elles ont simplement été condamnées pour trafic et fraude de carburant et ont écopé de 15 mois de prison ferme assortis de 9 mois de sursis. Ce sont des gens qui avaient en charge des familles nombreuses. Aujourd’hui, c’est le désespoir et la misère au sein de ces familles dont la plupart sont sur le point de se disloquer. Etant en prison, d’autres ont perdu leurs femmes.
Il y a assez de problèmes qu’on ne peut pas tout expliquer. C’est pourquoi, nous lançons un appel solennel aux plus hautes autorités du pays et à sa Majesté le Mogho Naaba à se pencher sur le sort de ces personnes. Plusieurs de leurs co-condamnés ont été libérés. Pourquoi pas eux ?
S : Ont-ils fait appel de leur jugement ?
R.A.O : Oui, dès les premiers instants, ils ont lancé un appel en demandant une réduction de leur peine. Mais, du côté de la justice, rien n’a encore été fait. Nous pensons qu’on peut leur accorder la liberté provisoire en attendant que ces jugements se tiennent. Notre démarche est purement et simplement d’ordre humanitaire. Notre association a fait le tour d’une quarantaine de familles, c’est-à-dire celles des personnes détenues.
Nous avons constaté que plus de la moitié des concessions ont été abandonnées. Il n’est pas exclu que ces femmes et ces enfants sombrent dans la mendicité. Je connais d’ailleurs l’un des enfants qui était brillant, mais qui se retrouve aujourd’hui au feu tricolore en train de nettoyer les vitres des véhicules moyennant une hypothétique pièce d’argent. Nous demandons une fois encore aux autorités de prendre à bras le corps cette situation.
S : Il revient, en principe, à leurs avocats de déposer une demande de liberté provisoire…
R.A.O. : Oui leurs avocats ont déposé des demandes de liberté provisoire mais jusqu’à présent ils n’ont pas obtenu gain de cause. Notre association a échangé avec leurs avocats. Nous gardons espoir que notre appel sera entendu. Je suis sûr qu’une fois sortis de prison, ils réfléchiront par deux fois avant de s’adonner à cette pratique.
Ce qu’ils ont fait est condamnable par la loi. Mais nous ne sommes pas là pour juger, accuser, ou condamner encore moins commenter une décision de justice. Nous demandons juste qu’on leur accorde une liberté provisoire. Car, avec la rentrée scolaire qui s’annonce, de nombreux enfants risquent de ne pas aller à l’école parce que leur papa est en prison, ou leurs mamans ont quitté le foyer. Nous demandons encore une fois leur libération provisoire pour des raisons humanitaires.
Interview réalisée par
W. Aubin NANA
Dô DAO (Stagiaire)