De la réforme de l’éducation

Depuis les indépendances formelles de nos Etats en 1960 et avec la mise en évidence de l’échec de nos systèmes éducatifs devenus des «usines de fabrication de chômeurs à grande échelle «, la réforme de ceux-ci est un débat récurrent, même si jusqu’à présent nos gouvernements successifs sont restés dans les lieux communs, l’essentiel pour eux semblant résider dans la mise en adéquation formation-emploi à travers notamment la promotion de la formation professionnelle. Aussi, la promotion des langues nationales (pour se donner bonne conscience) est dans l’air du temps avec cependant une mauvaise appréhension de celle-ci, en dehors de la parenthèse heureuse du Conseil national de la révolution à travers l’opération «bantaré» (éducation de masse en fulfulde).

Or, la réforme dont il s’agit selon des savants comme le professeur Joseph Ki-Zerbo, est celle qui, à terme, consistera à «désenchainer les consciences «pour rentrer dans le concert des Nations sans complexe, ce qui suppose une réforme en profondeur des curricula. Il ne s’agira plus donc d’inculquer à nos enfants dès le bas âge la culture des autres à travers l’histoire et la géographie en les abrutissant de leurs hauts faits d’armes( première et deuxième guerres mondiales, création de l’ONU, géographie de la France ou des USA etc), mais de faire recours à l’histoire africaine, pour leur faire comprendre que ce sont leurs ancêtres qui ont fait entrer le monde dans la civilisation, à travers l’enseignement de la paléontologie humaine, mais aussi et surtout de l’histoire de l’Egypte antique. Sur le premier point, toute l’histoire de l’humanité doit être vue sous le prisme de l’homo sapiens originel africain qui a, au gré de ses pérégrinations, apporté la civilisation aux autres continents. A ce niveau un arrêt sur l’Egypte antique est indispensable pour leur faire comprendre que contrairement aux idées reçues, le père de toutes les sciences modernes (médecine, architecture, mathématiques, chimie, physique) ainsi que des lettres ,est bel et bien Imhotep, Vizir et Architecte du pharaon Djezer (troisième dynastie pharaonique) qui a vécu trois millénaires avant notre ère et dont l’œuvre la plus majestueuse est la pyramide à degré de Saqqarah ,construite pour son roi ,afin que celui-ci reste éternel.

Aussi, son traité médical (le papyrus Ebers) pose les bases de la médecine égyptienne et conséquemment celle mondiale. C’est de ce réarmement moral dont la jeunesse africaine a besoin pour aller vers les autres sans aucun complexe et appréhender l’avenir avec plus de sérénité. Et comme il ne peut vivre en vase clos, l’enseignement de l’histoire des autres doit lui être dispensé au cycle supérieur, pour parachever ses connaissances. Il faut donc renverser la table de notre système éducatif qui pour l’heure est mal disposée. A ce niveau, un parallèle avec le système éducatif occidental, permet de dire que c’est à un niveau supérieur que les uns et les autres se spécialisent en civilisation africaine (sic) ou chinoise (resic) et deviennent des «experts « sur ces questions avec des avis abracadabrantesques. Nous nous gardons de rentrer dans la question des langues qui ne peut être abordée qu’à l’échelle continentale ce qui interpelle l’Union africaine. A l’échelle nationale, cette ébauche sur la réforme de l’éducation nationale doit être approfondie avec l’aide de nos éminents chercheurs et professeurs (notamment les sociologues, anthropologues, historiens et linguistes) que les politiques considèrent trop souvent comme la cinquième roue du carrosse alors qu’ils sont les phares de la Nation. Qui a dit que celui qui ne sait pas d’où il vient ne saura jamais où il va ?

Boubakar SY

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