Des échauffourées ont eu lieu, le mardi 12 octobre 2021, à Pô après la descente musclée de militaires la veille, à la suite d’une altercation entre un civil et un militaire.
La ville de Pô a connu une journée mouvementée, le 12 octobre 2021, après que des éléments de la garnison de Pô ont « rendu justice », dans la nuit du 11 octobre 2021, à un des leurs qui a eu une altercation, le 10 octobre avec un civil. En effet, selon une source bien introduite, c’est dans la nuit du 10 octobre, qu’une dame vivant en couple a été courtisée par un militaire de la garnison de Pô.
Elle aurait informé ce dernier qu’elle était mariée. Ne voulant pas entendre raison, le militaire l’a suivie jusque dans la boutique de son époux. Ce dernier a demandé alors au militaire de quitter les lieux. Refusant d’obtempérer, il s’en est suivi une altercation. Ses amis qui étaient à côté ont prêté main forte à leur ami. Se sentant en difficulté, le militaire a fait usage de son arme à feu pour dissuader la foule et prendre la fuite. Le 11 matin une plainte a été déposée à la gendarmerie et au bureau de la garnison contre le militaire en question et les deux parties ont trouvé un terrain d’entente.
Contre toute attente dans la nuit du 11 octobre, ce dernier mobilise certains de ses camarades de la garnison pour une descente musclée dans la ville de Pô en guise de représailles. Ces derniers ont exercé des actes de violences sur des personnes qui se trouvaient dans leurs lieux de commerce ou aux abords de la nationale 5. Très remontée, la population a érigé des barrages sur la nationale 5, empêchant toute circulation dans les deux sens. Même les élèves des établissements primaire et secondaire se sont joints aux populations pour manifester leur mécontentement vis-à-vis des militaires de la garnison de Pô. Ils ont exigé le départ immédiat des acteurs de ces violences, la prise en charge des malades, le remboursement des pertes matériels et en numéraire.
Une réunion de crise a été convoquée d’urgence dans la foulée par le Haut-commissaire de la province du Nahouri. Une rencontre à laquelle ont pris part les députés de la province. Apres plus de quatre heures d’échanges, les manifestants ont accepté de lever les barrières sur la nationale 5, mais néanmoins ils ont maintenu les autres revendications. Dans la soirée du 12 octobre 2021, l’état-major général des armées a dépêché le chef d’état-major de l’armée de terre, le colonel -major Gilles Bationo à Pô pour apaiser les cœurs. Sur place, la mission a pu rencontrer les blessés pour leur souhaiter prompt rétablissement.
Elle a également rencontré les autorités coutumières et religieuses, les députés de la province et les leaders d’opinion pour demander pardon et présenter toutes les excuses de l’armée à la population de Pô. Ce 13 octobre, la mission de l’état-major général des armées a échangé avec les forces vives de la commune. Une rencontre au cours de laquelle, le colonel major Gilles Bationo a encore présenté toutes les excuses de l’armée à la population. Il a dit regretter l’incident et que toute la hiérarchie militaire a été choquée.
Pour lui, les fautifs seront sanctionnés à la hauteur de leurs actes, les pertes seront remboursées à l’issue d’une enquête. Les malades seront également suivis, a-t-il fait savoir. Un pardon que les forces vives ont accepté et se sont engagées à travailler avec les forces de défense et de sécurité afin de combattre l’ennemi commun qui est le terrorisme. Il faut noter que 24 heures après l’incident, la vie a repris son cours normal dans la ville de Pô. Tous les malades ont rejoint leur domicile sauf un seul (Ouédraogo Souleymane) qui a été évacué pour des soins appropriés.
Hamidou K. OUENA
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