Et pourtant ça bouge !

Moments difficiles pour le pays. Efforts de guerre contre le terrorisme, conflits intercommunautaires, front social en permanente ébullition. Au point que les récentes victoires «précieuses» de l’armée burkinabè ont du mal à venir à bout d’un certain pessimisme ambiant, voire d’autodénigrement, qui tente de s’imposer. On en trouve même qui spéculent sur «l’irrémédiable déclin de notre société». Pas moins. C’est à qui sera le plus pessimiste. Toute chose étant égale par ailleurs, il n’est pas superflu de faire nôtre cette célèbre phrase du physicien italien Galilée à propos de la terre : «Et pourtant elle tourne ». Cet éminent homme de sciences avait été contraint d’affirmer que la terre était plate et immobile, alors que ses études lui avaient permis de savoir qu’elle était ronde et tournait autour du soleil. Dans la logique galiléenne, on peut bien soutenir, qu’en dépit des crises humanitaires, sociales et sécuritaires qui l’assaillent, le Burkina Faso tient debout et continue d’engranger des résultats significatifs dans nombre de domaines.

Il faut l’admettre, tout n’est pas rose, mais dépeindre un tableau totalement noir ne correspond aucunement au vécu et au ressenti de nos compatriotes. Dans cette optique, de profondes réformes structurelles ont été entreprises sur les plans politique, économique et social. De la révision de la Constitution, dont le processus est prévu pour s’ achever cette année, à la mise en œuvre de l’assurance-maladie universelle, le vote de la diaspora, en passant par la refonte des salaires du public et le rôle de plus en plus grand dévolu aux collectivités territoriales et au secteur privé, tout est mis en œuvre pour inverser durablement la courbe de la pauvreté et accorder des espaces de libertés plus larges aux populations. Ainsi, en termes de points positifs, dans le domaine de la coopération internationale, par exemple, le pays des Hommes intègres a repris de la plus belle des manières ses relations avec la République populaire de Chine, après 24 ans de rupture. Un «remariage» dont les débuts augurent des lendemains meilleurs. Déjà, sur la base d’un partenariat gagnant-gagnant, la Chine a montré son engagement à soutenir le Burkina dans des secteurs clés. Il s’agit, entre autres, du domaine de la santé, du transport et du commerce. D’une manière plus large, au-delà de la Chine, le Chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, s’est mis dans un élan d’ouverture vers de nouveaux horizons diplomatiques et de renforcement des liens existants. Sa visite d’amitié et de travail en Turquie, avec une forte délégation, du 9 au 11 avril dernier en est une des preuves récentes. Un voyage qui s’est, en effet, soldé par la signature de plusieurs accords et conventions dans des secteurs stratégiques. Par ailleurs, la présidence 2019 du G5 Sahel que le Burkina assure peut aussi être considérée comme le fruit de ce rayonnement diplomatique.

Car, se voir confier la responsabilité d’une structure sous régionale de cette envergure est tout de même signe d’une certaine confiance. En le faisant, les présidents malien, nigérien, tchadien et mauritanien ont montré leur foi en la capacité du pays à relever les défis sécuritaires communs. Sur le plan interne, la situation macroéconomique demeure relativement bonne avec une prévision de croissance du Produit intérieur brut (PIB) de 6% en 2019, même si les mouvements sans nom au ministère en charge des Finances inspirent des craintes légitimes.

L’on assiste par ailleurs à la réalisation d’importants projets d’infrastructures routières, scolaires, sanitaires et de barrages. Les structures minières, pour leur part, continuent de tourner et se renforcent, si bien que certaines comme SEMAFO parlent de production record cette année. Le dialogue politique également se noue progressivement. En témoignent les récentes rencontres entre le président du Faso et l’ensemble de la classe politique dans l’optique d’échanges plus approfondis d’ici à la fin du mois d’avril.

Sur le plan judiciaire, des dossiers censés ouvrir la voie à la réconciliation nationale sont évacués, ou en train de l’être. C’est le cas notamment du procès du putsch manqué de septembre 2015 qui se poursuit et dont le verdict pourrait apaiser un tant soit peu les cœurs des victimes et de leurs familles. Le front social, dont l’impact sur l’économie nationale est considérable, est en passe d’être atténué avec la remise à plat prochaine des systèmes de rémunération des agents publics. Globalement, on peut dire que le Burkina Faso continue sa marche vers le développement. Il le fait difficilement certes, mais ne perdons pas de vue que le destin des grandes nations se forge dans l’adversité, et le Burkina ne rompra jamais.

Mahamadi TIEGNA

Laisser un commentaire