Etalons : Vaste chantier en perspective

Le dernier stage des Etalons a été ponctué par deux matchs amicaux pour autant de défaites face aux Eléphants de Côte d’Ivoire (5 juin) et aux Lions de l’Atlas du Maroc (12 juin). Deux sorties jugées par différentes parties prenantes du football burkinabè.

« Nous n’avons pas suffisamment de réserve dans la classe vieillissante » (Issa Sidibé, vice-président de la FBF)

« Je considère que l’équipe est toujours en construction. De bons jeunes joueurs ont été identifiés et testés. Certains jeunes ont montré qu’ils ont du potentiel. Ils auront besoin de plus de temps de travail ensemble, afin de partager des automatismes et de savoir se lancer en offensive. L’équipe est encore beaucoup sur la défensive. Prudence ? Observation de l’adversaire ? Nous n’avons pas été ridicules dans les deux matchs. On aurait pu avoir deux matchs nuls respectivement contre la Côte d’Ivoire et contre le Maroc. Les buts sur arrêts de balle ou coups francs ont prouvé une fébrilité de notre défense sur cet aspect. Est-ce une panique de la barrière ? Peur de prendre la balle dans la gueule ? Les murs ont souvent manqué de commande ou de sérénité au moment du départ de la balle.

La tentative de rajeunissement est amorcée. Elle s’impose à nous parce qu’on n’a pas suffisamment de réserve dans la classe vieillissante. La tentative est bonne parce que les matchs amicaux dans le contexte de la COVID-19 ont permis de ratisser large (33 joueurs convoqués). Dans d’autres circonstances, cela ne serait pas possible, sans oublier que du potentiel existe encore en réserve parmi les binationaux que dans le championnat local. Il est trop tôt pour moi de dire si la politique de rajeunissement est en bonne voie ou pas.

Je peux le dire par rapport à la tentative et l’esprit qui a régné pendant le regroupement qui vient de se passer. On a besoin d’un peu de temps pour juger la politique. Cette politique doit regarder compartiment par compartiment, le potentiel de la classe vieillissante et celle de la nouvelle génération ; la cohabitation et la complémentarité jusqu’au transfert final. Cette politique ne pourra pas réussir par une rupture brutale, ni sur le terrain ni dans l’environnement du groupe. Ce sont des hommes et non des machines programmables. Le travail doit se poursuivre autant par l’encadrement technique qu’à travers les autres acteurs d’appui à l’encadrement technique : psychologie, mental, appréciation et évaluation des objectifs à atteindre, solidarité derrière notre équipe avec un idéal commun ».


« La qualité du jeu produit laisse entrevoir un vaste chantier » (Daouda Sanou Famoso, technicien)

« L’analyse des deux matchs amicaux des Etalons A sous l’angle de la capacité potentielle de performance de l’équipe et cela dans le contexte des éliminatoires du Mondial 2022 en septembre et de la participation à la phase finale de la CAN en janvier, centre notre attention sur la qualité du jeu produit et l’élan de rajeunissement de l’effectif. La qualité du jeu produit laisse entrevoir un vaste chantier au niveau de la mise en place d’un projet de jeu collectif. Notamment au niveau des relations entre les différentes lignes, de la composition du milieu de terrain et de la mise en place d’une colonne vertébrale très forte de l’équipe en recherchant le plus de complémentarité et de complicité. La première titularisation de quelques jeunes joueurs et leur comportement conjugué avec la pression d’une partie de l’opinion publique pour mettre à l’écart des anciens en manque de rythme, dressent devant nous des problèmes très sérieux de planification dans la gestion technique des Etalons, toutes catégories confondues. En analysant les deux matchs amicaux, on ne peut s’empêcher d’éprouver des sentiments de regrets de n’avoir pas planifié la préparation de la relève sur la base des jalons posés par les brillantes participations des Etalons aux

CAN 2013 et 2017, et surtout de n’avoir pas su saisir toutes les opportunités récentes. Ainsi, à la vision globale de l’équipe des Etalons A d’aujourd’hui, on constate qu’elle est handicapée par l’absence d’une stratégie de préparation de la relève qui pèse lourdement sur sa capacité de performance. C’est pourquoi, aussi pénibles qu’ont été ces deux matchs amicaux, aussi amer qu’il soit de reconnaître que cette situation de confusion aurait pu ne pas exister si nous avons su mettre à nu et à temps les phénomènes négatifs, nous ne devons pas réagir dans la précipitation. Nous devons en tirer des leçons afin de réaliser un tournant décisif, historique pour les Etalons et du football burkinabè.
Nous devons nous interroger sur trois questions qui sont : est-ce un problème de conduite (chauffeur) ? Est-ce un problème mécanique (moteur)? Ou est-ce les deux à la fois (chauffeur et moteur)? ».


« …il faut des choix fermes de Kamou Malo… » (Ibrahim Diallo, journaliste)

« Sur les 2 dernières sorties des Etalons, on a vu une équipe pauvre dans le jeu. Le 4-2-3-1 de Kamou Malo ne semble pas être bien assimilé. Les sorties de balles et la transition avec l’attaque étaient mal élaborées. Ce qui fait qu’on a subi les rencontres. Résultat, on a commis beaucoup de fautes par agacement et ensuite on encaisse 3 buts sur coups de pied arrêtés. Preuve qu’on ne travaille pas suffisamment ces phases de jeu.
Dans le choix des hommes, Kamou Malo n’a pas été des plus inspirés pour répondre aux défis que lui a opposés l’entraineur ivoirien et le coach marocain.
L’absence injustifiée de Bryan Dabo de la sélection et les changements dans le match contre le Côte d’Ivoire le démontrent. Le coach Malo a tout de même m’a sympathie d’avoir enfin essayé plus de nouveaux.

J’ai noté le meilleur équilibre en défense avec l’introduction de Hermann Nikièma comme latéral gauche. Il apporte plus de solutions offensives, il reste à parfaire sa contribution défensive. Au milieu, Ismahila Ouédraogo est en train de monter en volume et en confiance. Gustavo Sangaré laisse entrevoir un futur meneur de jeu des Etalons. Alain Traoré par contre a encore brillé par sa nervosité or il est censé apporter le calme et la sérénité que son expérience lui confère.
En attaque, c’était vraiment laborieux. Franck Lassina a encore montré qu’il est l’atout n°1 en pointe. Fessal Tapsoba et Mohamed Lamine Ouattara ont fait montre de leur capacité malgré le faible temps de jeu que leur a accordé le coach. Mohamed Konaté pour moi reste le flop de cette attaque. Bertrand Traoré repositionné comme milieu offensif a semblé perdu par moments dans son nouveau rôle mais il reste le leader technique qui a manqué face au Maroc.

Parlant du rajeunissement, je pense qu’on est sur la lancée avec les arrivées entre autres de Ismahila Ouédraogo, Issa Kaboré, Edmond Tapsoba, Soufiane Farid Ouédraogo, Gustavo Sangaré, Sibiri Arnaud Sanou, Franck Lassina, Soumaila Ouattara, Nasser Djiga. Il ne faut pas confondre les nouveaux et les jeunes parce que des joueurs comme Hermann Nikièma, Saidou Simporé, ne sont plus des jeunes mais font juste leur apparition dans l’équipe.
Pour les échéances à venir, il faut des choix fermes de Kamou Malo en ramenant la liste à 23, en instaurant une discipline et une rigueur, non à géométrie variable, dans l’équipe. Le projet de jeu doit être clair même quand on perd un match et le jeu sur les balles arrêtées doit être mieux travaillé aussi bien en phase défensive qu’en phase offensive. Il nous faut une doublure au poste de latéral gauche car Yacouba Coulibaly est vraiment au bout du rouleau. L’encadrement doit également songer à donner du temps de jeu au 2e gardien et aux jeunes, Soumaïla Ouattara et Nasser Djiga pour parer aux possibles absences de la paire Dayo-Edmond. Enfin, je pense qu’il faut mettre à profit les prochaines sorties des Etalons pour peaufiner le jeu et non chercher coûte que coûte à gagner ».


« J’ai regretté l’attitude de trois doyens » (Aboubakary Traoré, supporter)

« En ce qui concerne les deux sorties des Etalons, personnellement, je suis satisfait. Déjà de la liste puis de la prestation individuelle des joueurs. En tant que supporter, ce qui m’importait le plus c’était moins le résultat numérique que le début du changement que le coach Kamou Malo avait annoncé. Et contre la Côte d’Ivoire le savant mélange entre anciens et nouveaux était à la hauteur. Contre le Maroc, on a senti un groupe encore plus vivant. Ce que j’ai cependant regretté, c’est l’attitude et le comportement de trois doyens que sont Abdou Razak Traoré, Charles Kaboré et Alain Traoré qui avaient un rôle d’encadreurs de leurs jeunes frères. Le premier parce qu’il a décliné la convocation de l’équipe nationale pour des raisons personnelles. Charles Kaboré, lui, contre la Côte d’Ivoire a manqué de retenue.

C’est vrai qu’il n’avait pas prévu de jouer le match mais après la rencontre, ce ne sont pas des choses à dire pour s’expliquer surtout que le coach a déjà parlé. Cela donne l’impression d’un manque de solidarité dans la maison.
Le comportement de Alain sur le banc qui saute à chaque coup de sifflet et sur le terrain qui court régulièrement vers l’arbitre pour se plaindre n’est pas de nature à enseigner les jeunes. Heureusement avec le match contre le Maroc, on a constaté que le reste du staff technique pouvait aussi rester tranquille et laisser l’entraineur seul dans la zone technique parce qu’avant ce n’était pas le cas et cela envoie une mauvaise image.

Pour le rajeunissement, c’est vrai que nous étions pressés mais après analyse, comme chaque technicien a sa méthode, on voit que le coach Malo veut prendre son temps et aller progressivement poste par poste et éviter le changement brusque.
Ceci en donnant la chance à chacun de se battre pour sa place.
Nous sommes dans un domaine de passion et le peuple burkinabè est très exigeant. Ce qui explique par moments la levée de boucliers contre les joueurs et encadreurs car les gens se moquent du travail à l’interne, ce qui les intéresse ce sont les résultats ici et maintenant.
Mais je crois que l’encadrement est dans la recherche de l’ossature et après, le jeu comme les uns et les autres le désirent viendra ».

La rédaction

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