Dans l’histoire des peuples, certaines initiatives transcendent les époques et traduisent la volonté politique de forger des générations conscientes et responsables. C’est le cas du Burkina Faso, à travers notamment l’immersion patriotique de ses nouveaux bacheliers. En effet, depuis une semaine, le pays des Hommes intègres vit une expérience qui rappelle les grandes heures de la Révolution démocratique et populaire (RDP) dont la Révolution progressiste populaire (RPP) est le prolongement.
Ainsi, avant de franchir les portes des universités, instituts, centres et écoles supérieurs, 60 000 jeunes, fraîchement auréolés de leur baccalauréat, session 2025, vont consacrer un mois de leurs vacances à l’immersion patriotique. C’est une école grandeur nature de la résilience et de la vie en communauté, dans un contexte sécuritaire où chaque citoyen est interpellé. Ils y apprennent, dans les conditions réelles de vie collective, les rudiments du civisme, du patriotisme et de la discipline.
L’organisation de cette immersion, encadrée par des Forces de défense et de sécurité (FDS), rappelle les premières heures du Service national populaire (SERNAPO/SNP) de la Révolution sankariste et qui se poursuit aujourd’hui sous l’appellation SND (Service national pour le développement). Passage obligé pour les nouveaux diplômés de l’époque, il s’agissait d’un temps d’éveil, de formation idéologique et communautaire, destiné à forger « l’Homme nouveau », cher au capitaine Thomas Sankara.
L’esprit a été ainsi clairement défini de cultiver une jeunesse disciplinée, consciente et prête à se mettre au service du peuple. Certes, l’immersion patriotique n’exempte pas du SND, mais ils portent tous la même ambition de bâtir une citoyenneté véritablement burkinabè. Dans les camps d’immersion, pas de privilèges, pas de passe-droits. Filles et garçons, sans distinction de rang social, partagent les mêmes dortoirs en fonction du sexe, les mêmes repas et exécutent les mêmes corvées.
C’est l’apprentissage de la cohésion et de la solidarité, valeurs cardinales d’une nation qui se veut debout face aux multiples épreuves. La différence avec les années 80 tient sans doute au contexte. Parce qu’en plus de porter une transformation radicale de la société sur fond de souveraineté et de lutte anti impérialiste, l’immersion patriotique se déploie dans une urgence sécuritaire et une quête de survie collective. Dans les deux cas, le pari reste d’éviter à la jeunesse de se consumer dans l’individualisme et de lui inculquer l’amour de la patrie.
La formation académique à elle seule ne suffit pas à forger un citoyen accompli. Il faut la discipline, la rigueur et le sentiment d’appartenance à la même nation. C’est ce ciment qui prépare les élites de demain à porter haut les valeurs de patriotisme et d’intégrité. Dans les camps d’immersion patriotique 2025, les convictions se construisent et les caractères se tempèrent pour bâtir une jeunesse consciente et résolue à transformer les épreuves en opportunités. Le Burkina Faso, plus que jamais, a besoin de cette génération debout de patriotes.
Par Assetou BADOH