Guinée-Bissau: un brouhaha politique de trop

Le président Umaro Sissoco Embalo a dissout le Parlement dominé par l’opposition en Guinée-Bissau. Le communiqué est tombé comme un couperet sur la classe politique dans la soirée du lundi 4 décembre 2023. Cette décision intervient après les évènements de jeudi dernier où, des éléments de la Garde nationale ont fait irruption dans les locaux de la Police judiciaire, pour libérer deux ministres de l’opposition interpellés pour des présomptions de corruption. Il s’en est suivi dans la nuit du jeudi au vendredi dernier, des affrontements entre les éléments de la Garde nationale, retranchés dans une caserne du Sud de la capitale Bissau et les Forces spéciales de la Garde présidentielle occasionnant au moins deux morts. Selon le pouvoir en place, les soldats dissidents avaient l’intention de prendre la télévision et la radio nationale, toute chose qu’il a qualifiée d’une tentative de coup d’Etat. Le président qui était à Dubaï pour prendre part à la COP28 a regagné d’urgence son pays où, il a annoncé que « l’acte posé aura des conséquences graves ». Convaincu que le coup d’Etat avait été préparé avant le 16 novembre date des célébrations du 50e anniversaire des Forces armées bissau-guinéenne.

En sus de la dissolution du parlement, le président redistribuait les postes au sein de son gouvernement de cohabitation. Il s’attribue les portefeuilles de la Défense et de l’Intérieur tandis qu’il renouvelle sa confiance à son Premier ministre, Geraldo Martins, en lui confiant les clés des Finances. La dissolution du parlement à forte coloration de l’opposition était en réalité sur toutes les lèvres, car, il faut le reconnaitre, la cohabitation était difficile entre le chef de l’Etat et le Parlement au sein de la plate-forme de l’Alliance inclusive-Terra Ranka. Seulement, l’on ne savait à quel moment et comment elle allait intervenir. De son côté, le président de l’Assemblée nationale, Domingos Simoes Pereira, la bête noire politique du président Embalo a déclaré que cette dissolution n’avait aucune légitimité. Pour lui, la Constitution proscrit la dissolution du Parlement avant six mois d’exercice.

Or, l’Assemblée actuelle n’a que trois mois d’existence. L’Union africaine (UA) a exprimé mardi son « inquiétude » après la dissolution du Parlement dominé par l’opposition en Guinée-Bissau, tout en « condamnant fermement » les récentes violences. Cette situation tendue entre l’opposition et le pouvoir a eu des répercussions au point que la question qui taraude les esprits est de savoir jusqu’à quand ira ce bras de fer ? Difficile de répondre à cette question au regard des positions tranchées de part et d’autre. Pour éviter toute surprise désagréable, le pouvoir en place dit avoir positionné des gardes militaires aux sièges de la Télévision nationale et de la Radio de Guinée-Bissau. Pendant ce temps, certains médias font état d’une situation confuse dans la capitale et d’une tentative des militaires de prendre le contrôle de la télévision nationale et de la radio. Dans ce brouhaha politique de trop qui n’augure guère des lendemains meilleurs pour ce pays d’Afrique de l’Ouest, il y a lieu que les deux parties enterrent la hache de guerre au risque de conduire leur pays dans le précipice.

Abdoulaye BALBONE

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