Haros sur ces « tapages nocturnes »

Dans les grandes villes du Burkina Faso, il est fréquent que des citoyens se plaignent de nuisances sonores occasionnées par leurs voisinages. A Ouagadougou, par exemple, les services de la Police municipale ont reçu en 2023, au total 1 509 plaintes pour nuisances sonores des débits de boissons, des lieux de cultes et des ateliers (soudures, peinture, couture …). La révélation a été faite lors d’une conférence de presse animée en début d’année 2024 par le président de la délégation spéciale, Maurice Konaté. Les nuisances sonores les plus incriminées sont celles émanant des débits de boisson. A ce sujet, les riverains plaignants évoquent le fait que la musique provenant de ces « maquis indésirables » les empêche de dormir. Selon eux, les mêmes bruits ne permettent pas non plus à leurs enfants d’étudier à certaines heures de la journée.

Généralement, l’affaire commence par des négociations avec le tenancier, avant d’aboutir à des interpellations, voire des procès. L’on a aussi assisté à des cas où des débits incriminés ont été fermés avant d’être rouverts avec les mêmes nuisances. Il arrive que les propriétaires desdits débits de boissons brandissent des autorisations qu’ils auraient obtenues des autorités compétentes. Par conséquent, selon eux, personne ne peut les empêcher d’exercer leur activité, oubliant royalement que la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. L’on remarque que ces nuisances sonores peuvent être désavantageuses pour les promoteurs de ces débits de boisson. En effet, certaines personnes qui fréquentent les maquis y vont pour la boisson et non forcément pour la musique, surtout si celle-ci est très tapageuse.

Pour ces personnes, la musique assourdissante, est un motif largement suffisant pour éviter ces genres d’endroit. De ceux-là, sont ces gens qui peuvent recevoir des appels « sérieux » à tout moment qui n’iront donc jamais dans un maquis où ils auront du mal à décrocher certains appels. Peut-être qu’il existe de nombreux clients qui adorent les maquis où la musique est à son paroxysme que ceux qui préfèrent les maquis « calmes ». Toute chose qui expliquerait la prolifération de ces genres de débits de boisson. Mais de grâce, que l’on évite de les installer au milieu des maisons d’habitation, surtout si l’on n’est pas en mesure de circonscrire le champ d’impact du son. La loi est pourtant claire là-dessus. En effet, selon des dispositions du Code de l’environnement, les nuisances sonores au Burkina Faso constituent une infraction, particulièrement un délit. La première loi contre le bruit et les nuisances sonores a été publiée en 1992. Celle-ci a progressivement été renforcée. D’après les dispositions de ladite loi, « aucun bruit particulier ne doit, par sa durée, sa répétition ou son intensité porter atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme dans un lieu public ou privé ». En tout état de cause, les autorités municipales, pour une question de tranquillité publique, doivent prendre leurs responsabilités. Elles doivent agir et/ou sévir. Il y va de la promotion des valeurs sociales et du vivre-ensemble.

Alban KINI alban_kini@yahoo.fr

Laisser un commentaire