Honneurs à la transition malienne

Le président de la Transition malienne, Bah N’Daw, a été reçu hier mercredi 27 janvier 2021 à l’Elysée par le président français, Emmanuel Macron.

Cette visite est une suite logique des consultations, que le chef de l’Etat français a engagées pour préparer le prochain sommet du G5 Sahel, prévu les 15 et 16 février prochains à N’Djamena au Tchad. En effet, la visite de N’Daw fait suite à celle du Mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, du Nigérien Mahamadou Issoufou et du Tchadien Idriss Deby, en attendant le Burkinabè réélu, Roch Marc Christian Kaboré. Mais dans le fond, le séjour de N’Daw constitue une caution internationale de la Transition malienne, qui fait suite au coup d’Etat militaire ayant évincé Ibrahim Boubacar Keïta du pouvoir, le 18 août 2020. Accompagné d’une partie de son cabinet et de son ministre des Affaires étrangères, Zeïni Moulaye, le président de la Transition malienne a eu droit à un déjeuner de travail avec Macron à l’Elysée qui a même décidé, pour l’occasion, d’ouvrir la cour du palais présidentiel à la presse et d’officialiser la visite par un communiqué.

Pourtant, depuis sa mise en place à partir d’octobre 2020, cette Transition n’avait qu’une reconnaissance locale et pour la première fois, N’Daw est reçu par le président d’un pays hors de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Il est donc évident qu’à travers cet accueil des plus officiels, Paris donne une reconnaissance internationale à celui qui a été soigneusement choisi par la junte militaire, le Conseil national pour le salut du peuple (CNSP), pour diriger la Transition.

A travers Paris, Macron ouvre non seulement les portes de l’Europe (Union européenne) à la Transition malienne, mais aussi et surtout celle des autres partenaires internationaux, dont les soutiens de tous ordres sont indispensables au pays de Modibo Keïta pour mener sa parenthèse politique vers des élections transparentes, apaisées et démocratiques. A coup sûr, la dissolution du CNSP, annoncée la veille du départ de la délégation présidentielle pour la France sur injonction de la CEDEAO et la visite d’une délégation ministérielle à Kidal pour relancer les Accords de paix d’Alger dont la mise en œuvre tient à cœur la France, ont largement joué en faveur de tous ces égards dont bénéficie la Transition malienne à l’Elysée. Il suffit donc que les « transitaires » s’inspirent de l’exemple de la Transition politique burkinabè de 2015, pour se tirer d’affaire, pour peu que les militaires qui ont « miné » les organes de la transition en aient la volonté. En tous les cas, le temps joue contre eux et il ne leur reste qu’environ une année pour y parvenir.

 Jean-Marie TOE

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