Je suis Monsieur Moustique !

Je suis Monsieur Moustique, je suis une minuscule crapule nulle sans scrupules
Je suis de la tribu des mouches, ces têtes de mule ridicules qui pullulent et acculent
J’ai une femme et des enfants, des cousins et des amis dans les parterres de la terre
J’habite les mares au nectar où je me marre de vos tares au son de ma cithare délétère
Je suis Monsieur Moustique, de ma guitare acoustique je sonde le nectar des dortoirs
Ma femme s’appelle Anophèle, elle est belle et rebelle, chaque soir, elle aiguise son suçoir
De jour comme de nuit, elle vole et survole vos veilles et vos sommeils, elle s’émerveille
Avec sa trompe et sans un coup de rhombe, elle trompe les sensibles à la peau vermeille
Nous sommes des moustiques épiques, sans éthique, votre sang éthylique nous rend vivants
Lors de nos battues nocturnes, nous buvons à la source intarissable du dormeur imprudent
Nous détestons la moustiquaire, cette toile qui nous voile le passage et nous prive du délice
Les insecticides, c‘est le suicide à l’acide, nous ne sommes plus lucides, ça brise nos hélices
Nous irons ailleurs, dans les taudis insalubres, dans les ménages d’ordures et de pourritures
Nous franchirons les portes mal closes, nous viderons le sang des progénitures sans garnitures
Nous criblerons la femme grosse de pointes, nous enverrons du jus de cactus au fœtus en lotus
Nous ferons le tour des hôpitaux sans chapiteaux, pour relever la mortalité du palu en bonus
Mortelle Anophèle, cruelle femelle, quand tu nous piques tu te remplis et t’enivres de vin
Du malade au bien-portant, tu fais des va-et-vient, tu tires à bout portant, tu sèmes ton venin
Tu piques l’esclave et le maître, même le roi est une proie, contre le président tu as une dent
Quand tu injectes ta dose, tu causes du mal, tu rends morose le résistant sans tank, vas-t’en !
Mais à qui la faute quand nos caniveaux reflètent notre niveau d’hygiène qui, tant gêne ?
Quand nos ordures font le mur de nos vies jetées en pâture aux gîtes de parasites pathogènes ?
Quand dormir sous une moustiquaire imprégnée étouffe le suicidaire en sursis qui délire ?
Chaque année, le palu tue mais la conscience collective attend de guérir au lieu de prévenir !

Clément ZONGO
clmentzongo@yahoo.fr

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