
Jérémie Nion a soutenu sa thèse de doctorat unique en Sciences de l’information et de la communication (SIC) à l’université Joseph-Ki-Zerbo, samedi 11 octobre 2025, à Ouagadougou.
«La professionnalisation du secteur de la publicité télévisuelle au Burkina Faso (1990-2023) : acteurs, pratiques et régulation », c’est sur ce thème que le journaliste Jérémie Nion a soutenu sa thèse de doctorat en Sciences de l’information et de la communication (SIC) à l’université Joseph-Ki-Zerbo, samedi 11 octobre 2025. Inscrit en thèse de doctorat unique au Laboratoire de recherches médias et communications organisationnelles (LAMCO), l’impétrant a défendu ses travaux devant un jury présidé par le professeur
titulaire en SIC, Serge Théophile Balima.
A l’issue de la présentation et des échanges, la thèse a été sanctionnée par une mention très honorable. Jérémie Nion, désormais docteur en SIC s’est dit satisfait et fiers de ses travaux qui ont duré 4 ans. Pour lui, la publicité a joué un rôle essentiel sous la Révolution démocratique et populaire. A l’époque de Zama Publicité, a-t-il confié, tout était structuré avec un cadre juridique clair, une organisation solide et des mécanismes bien établis régissaient le secteur.
Chacun connaissait son rôle et le respectait. Mais, la privatisation de Zama Publicité a provoqué, selon lui, un effondrement du système. Un vide s’est installé, ouvrant la porte à une concurrence désordonnée. Chacun est entré dans le marché à sa guise, sans règles ni coordination. Ce qui a amené la désorganisation et une régulation quasi inexistante. Pour le nouveau docteur, les coûts, eux, demeurent élevés.
Le Burkina est classé quatrième dans l’espace UEMOA pour le coût d’un spot publicitaire de 30 secondes sur les chaînes publiques, autour de 100 000 F CFA. Un tarif qui, bien que comparable à la région, devient excessif lorsqu’on le rapporte au niveau de vie des Burkinabè. Pour Jérémie Nion, ce déséquilibre pousse certains acteurs à emprunter des chemins détournés, à recourir à des publicités déguisées ou à des formes non conventionnelles moins coûteuses. Son intérêt pour le sujet s’explique par son propre parcours. Journaliste de formation, il a lui-même été confronté à la réalité du terrain, participant parfois à des actions publicitaires non encadrées. Cette expérience lui a fait prendre conscience des dérives du système.
Redonner vie à la publicité
Il a affirmé que la publicité constitue un pilier de l’économie médiatique. Si le secteur publicitaire s’effondre, c’est toute la chaîne médiatique qui vacille.
Avec l’essor du numérique, la publicité classique perd du terrain. Face à cette réalité, Jérémie Nion a appelé les acteurs à se ressaisir, les autorités à renforcer la régulation et tous les partenaires à redonner vie à la publicité. A ses yeux, si la publicité meurt, les médias mourront avec elle, et sans médias, aucune société ne peut prospérer démocratiquement.
Quant à l’avenir, il souhaite faire évoluer la perception de la publicité, notamment dans le milieu académique, afin qu’elle soit reconnue à sa juste valeur.
Le directeur de thèse, Dr Dimitri Régis Balima, s’est dit aussi satisfait du travail réalisé par son doctorant, qu’il a qualifié de conforme aux exigences académiques d’une thèse de doctorat. Selon lui, il s’agit d’un travail pionnier, mené avec sérieux et profondeur. « Le terrain exploré est très intéressant, la recherche documentaire est riche, et l’auteur a fait preuve d’une réelle rigueur scientifique », a-t-il souligné.
Pour Dimitri Régis Balima, cette thèse apporte une contribution au secteur de la publicité. Il a expliqué que le domaine publicitaire souffre aujourd’hui d’un manque de structuration et les résultats de cette recherche pourraient aider à corriger certaines dérives.
« Ce travail peut réellement servir, à condition qu’il soit publié, sous forme de livre ou d’ouvrage scientifique », a-t-il confié. Pour lui, si les acteurs du secteur publicitaire accueillent ce travail avec bonne foi, ils pourront en tirer des enseignements concrets pour faire évoluer leurs pratiques et contribuer à une meilleure organisation du domaine.
Abibata KARA
(Collaboratrice)