La réplique de Idriss Deby

Lorsque l’armée nationale tchadienne (ANT) a perdu plus de 90 hommes lors d’une attaque de la secte terroriste Boko Haram, dans la province du Lac, le 23 mars dernier, le chef de l’Etat, Idriss Deby Itno, avait promis une réplique foudroyante. Aujourd’hui, l’on est tenté de lui donner raison au regard des nouvelles qui viennent du front.

Revêtu de ses habits de chef de guerre, le président tchadien s’était installé le 25 mars à Baga Sola, (chef-lieu du département de Kaya, situé à 75 km de la capitale provinciale, Bol) pour diriger himself l’opération dénommée « colère de Boma » contre les combattants de Boko Haram. Après quelques jours de combats acharnés, l’ANT a, selon son chef suprême, reconquis toute la province du Lac qui était infestée par la nébuleuse terroriste. «La nébuleuse secte Boko Haram est débarrassée des îles du Lac-Tchad par l’Armée nationale tchadienne (ANT) lors de l’opération ‘’Colère de Boma’’, le ratissage continue en territoire nigérien, nigérian et camerounais», a-t-il indiqué le 5 avril lorsqu’il s’était rendu au chevet de soldats blessés. En regardant les images largement diffusées par la télévision nationale tchadienne sur cette offensive militaire, il n’y a aucun doute que les terroristes de Boko Haram ont essuyé une véritable raclée.

Cette « victoire » contre la secte terroriste dans la région du Lac Tchad illustre combien la présence de Idriss Deby Itno aux côtés de ses hommes a été motivante et bénéfique. Au-delà de l’arsenal militaire déployé à l’occasion contre les terroristes, son engagement à lui seul a fouetté l’orgueil des soldats qui étaient prêts à payer n’importe quel sacrifice au front. La décision de Deby de séjourner aux côtés de ses troupes est la preuve que la volonté peut changer les choses. Sous nos tropiques confrontées à de multiples problèmes, l’on en arrive à croire qu’ils sont indissolubles. L’on capitule facilement devant le discours de la fatalité. Les difficultés que d’autres pays ont su surmonter grâce à la détermination des dirigeants et de leurs peuples, deviennent des impasses sous nos cieux. Or, le sens même de l’engagement politique, c’est de susciter l’espoir, de montrer que les perspectives d’un lendemain meilleur sont possibles. Mais tout simplement parce qu’il manque la volonté de bien faire et d’agir dans le sens de l’intérêt général, le désespoir devient une complainte quotidienne.

A force de dépenser de l’énergie dans des débats stériles sur des questions qui exigeaient de simples réponses conséquentes et diligentes, elles sont devenues séculaires. C’est moins les moyens qui font défaut face aux préoccupations quotidiennes en Afrique, qu’un manque criant du sens des responsabilités des dirigeants. Lorsque que des leaders savent prendre à bras-le-corps leurs responsabilités et acceptent mettre sous l’éteignoir leurs intérêts égoïstes et leurs divergences, les pistes de solutions se dégagent d’elles-mêmes. Dans le combat que mène Idriss Deby Itno et ses hommes contre Boko Haram, au lieu de lui porter main forte, ses homologues nigériens, camerounais et nigérians, confrontés au même ennemi, ont brillé par leur silence.

Ce qui a même poussé le président tchadien à soutenir que son pays est « seul » face à Boko Haram. Cette victoire solitaire pose là encore, la question du manque de solidarité entre Africains. Face à un malheur qui menace la stabilité de tous, les dirigeants font du surplace à travers des discours qui résonnent dans le vide. Les interminables réunions et les hauts sommets deviennent la panacée lorsque surviennent des crises en Afrique. L’offensive dirigée contre Boko Haram par l’armée tchadienne sous le commandement de Idriss Deby Itno démontre que les chefs d’Etats africains peuvent mieux relever les nombreux défis auxquels ils sont confrontés à condition qu’ils s’impliquent réellement. Aucun pays n’est assez puissant pour se passer de la solidarité des autres.

Mais il faut soi-même affronter ses propres difficultés avant de compter sur une hypothétique aide d’un autre Etat, fut-il un ami ou un partenaire. C’est ce déficit de solidarité entre Etats qui fait que les groupes terroristes ont pu s’installer dans certains pays du Sahel et sont en train de compromettre les efforts de développement. Deby n’est pas exempt de critique, mais dans cette guerre contre le terrorisme, il a eu le mérite de donner l’exemple et de rassurer.

Karim BADOLO

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