La résilience au féminin

Le Burkina n’a pas dérogé à la règle de la célébration du 8-Mars, Journée internationale des droits de la femme, qui s’est déroulée officiellement dans la région du Centre-Est à Tenkodogo, en présence du Président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré. Chaque édition épouse son lot de particularité au pays des Hommes intègres. La 167e a été placée cette année sur le thème national : « Promotion de l’entreprenariat communautaire : quelle contribution de la femme ? ».

Sur tout le parcours de cette célébration, on sentait bien l’air du temps, la résilience. Cette forme de défi intérieur auquel il faut faire face avec honneur et dignité, convaincu que la victoire appartient à ceux et celles qui luttent. Cette résilience, la femme burkinabè l’incarne à perfection dans ce contexte de lutte sans répit contre le terrorisme et de reconquête du territoire national. En effet et à l’image des amazones qui ont inscrit leurs noms en lettre d’or dans l’histoire de notre pays (Guimbi Ouattara, Princesse Yennega …), l’autre moitié du ciel prouve à souhait qu’il faut compter avec elle dans l’écriture des nouvelles pages de cette histoire.

Veuve, mère ou épouse qui tient la maison quand le père ou l’époux est au front, déplacée interne et chef de ménage pour avoir perdu son mari dans les affres du terrorisme, elle s’est aujourd’hui engagée corps et âme dans le combat armé pour libérer son pays, dans les rangs des Forces de défense et de sécurité (FDS) ou des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). C’est à ce titre que le chef de l’Etat a rendu hommage à « toutes ces guerrières et toutes ces amazones qui se battent contre l’ennemi …, aux femmes déplacées internes, à ces femmes devenues responsables de ménages du fait du terrorisme, à toutes ces femmes qui se battent, jour et nuit, pour apporter le minimum vital à leur famille ».

Le thème choisi cette année au plan national pour célébrer le 8-Mars ouvre une perspective d’autonomie et d’émancipation financières des femmes, à travers l’entreprenariat communautaire qui entend générer de la richesse et des milliers d’emplois pour les jeunes et les femmes. Ce 8-Mars 2024 qui a tranché avec les éditions antérieures généralement rythmées par la prédominance des uniformes et « Djandjoba », doit marquer le déclic longtemps espéré. Ainsi, les acteurs de défense des droits de la femme doivent aller au-delà du seul jour du 8-Mars, à travers un engagement permanent dans la lutte.

De même, que les autorités nationales, bien plus que les traditionnelles rencontres, ouvrent véritablement des perspectives pour l’égalité des chances et des décisions fortes comme celle qu’a fait savoir le chef de l’Etat : « J’instruisais le ministre de faire en sorte que désormais les commandes de nos institutions et de nos ministères soient les savons produits par les femmes burkinabè ». Peut-on en conclure que cette édition lance une nouvelle tournure de la célébration de cette date dédiée ?

En tous les cas, 24 heures avant la commémoration et avant l’aube, les « femmes de Simon », la brigade verte, ces femmes commises à la propreté de la ville de Ouagadougou ont eu une grande surprise. En effet, le président de la Transition leur a rendu une visite inopinée qui a plus que boosté l’ardeur de ces femmes dont l’engagement n’a jamais été pris à défaut. Tôt levées pour s’employer à donner un charme à la beauté de la ville, pour la plupart, elles continueront sur d’autres fronts afin de tenir le foyer allumé pour des enfants et des maris.

C’est la première fois depuis que nous sommes là que nous recevons la visite du premier magistrat du pays sur notre champ d’honneur, ont-elles dit en substance. La fusion et la communion, une grande marque de considération de l’effort de ces dames dont certaines ont un âge avancé. Fini le 8-Mars 2024. Rendez-vous en 2025 pour évaluer encore le chemin parcouru, même si la promotion des droits de la femme est un combat de longue haleine qui requiert l’implication et l’engagement sincère de tous les acteurs.

Assétou BADOH

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