Le baromètre de l’efficacité

Le Premier ministre, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, a procédé, du 4 au 6 août, à l’évaluation à mi-parcours 2025 des contrats d’objectifs des membres du gouvernement. L’exercice qui livre aujourd’hui un taux global de réalisation de 54%, n’est pas un rite de passage administratif. Il illustre le souci de redevabilité qui est au cœur de l’action gouvernementale, sous l’impulsion du Président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré. Si l’on veut bien en garder le sens, il s’agit d’une boussole exprimant la traduction concrète d’une exigence nouvelle pour que l’Etat cesse d’être une machine à promesses et devienne une instance de résultats mesurables pour les citoyens. Le chef du gouvernement l’a rappelé : « Nous ne sommes pas dans le culte des chiffres, mais dans l’évaluation des impacts réels des actions sur le quotidien des Burkinabè, en ville comme en campagne ».

Cette précision de Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo est capitale, car trop souvent, les indicateurs de performance sont « théoriques » et incompréhensibles pour le plus grand nombre, alors qu’ils ne devraient être que des instruments au service du bien commun. C’est en ce sens qu’iI convient de saluer la sincérité technique de la démarche. Evaluer, c’est surtout accepter la remise en cause pour se projeter sur les six derniers mois de l’année. Au résultat, l’engagement est constant et soutenu, même s’il y a des corrections à apporter aux actions avec une bonne dose d’entrain et d’innovations. A titre d’exemples, le ministère de la Défense affiche, en fin juin 2025, un taux de mise en œuvre de 36,61% de ses activités, contre 35% à la même période en 2024. A la clé de cette performance, la proportion du territoire national reconquis est passée de 69% au 30 juin 2024, à 72,70% au 30 juin 2025. Pour sa part, le ministère de la Sécurité passe de 47,68% au 30 juin 2024, à 58,18% à la mi année 2025, alors que celui de la Communication enregistre un taux d’exécution de 58,18% (54,68 au 30 juin 2024). Ces chiffres sont la preuve que les objectifs peuvent être atteints quand la feuille de route est claire, les moyens mobilisés et la reddition de comptes réalisés.

Ce jalon 2025, avec ses points forts tels que la reconquête de pans entiers du territoire, la gratuité des soins pour une frange significative de la population, les avancées dans l’éducation et les infrastructures, doit servir de levier pour rectifier le tir. Refusant de voir l’action gouvernementale prise au piège de l’autosatisfaction, le Premier ministre a rappelé que l’exercice vise l’obligation de résultats et non une célébration prématurée. Ainsi, la « culture de redevabilité » qui est un choix responsable de gouvernance doit irriguer chaque ministère, chaque direction, chaque service déconcentré. Cela implique une transparence dans la gestion des ressources, une clarté sur les indicateurs, un appui technique là où les capacités font défaut et un calendrier de rattrapage pour les projets qui connaissent une mise en œuvre insuffisante. Au demeurant, le vrai défi n’est pas la « note » obtenue. Il est plutôt politique : l’Exécutif ayant accepté collectivement d’être apprécié sur ses actes, de se remettre en cause pour mieux rebondir. Tout compte fait, ces évaluations doivent devenir un baromètre de l’efficacité gouvernementale dont les résultats sont accessibles à tous et les insuffisances, suivies d’actions correctives. C’est ainsi que la redevabilité se transformera en confiance renouvelée et que les promesses inscrites dans les contrats d’objectifs deviendront, pour les Burkinabè, des réalités tangibles et durables. Le pays a besoin d’un Exécutif qui s’autoévalue, se corrige et se remet au travail sans complaisance, avec humilité et détermination pour le bonheur des populations.

Par Assetou BADOH

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