Les démissions de militants cadres des formations politiques en « difficultés » meublent, depuis l’avènement du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), l’actualité au Burkina au point de faire perdre le sens de l’engagement aux citoyens d’un pays qui compte au bas mot cent cinquante formations et partis politiques. Aucun parti n’est épargné par cette secousse aux degrés divers.
Un double scénario accompagne le processus de démissions. Ces cadres quittent leur parti pour rejoindre la formation qui présenterait le plus de possibilités d’arriver à Kosyam à la fin de la Transition. Ou alors, ils démissionnent pour créer leur parti. En tous les cas, le procédé est quasiment le même. L’information se veut souvent laconique quand tout simplement elle n’est pas distillée dans les rubriques ‘’Rumeurs’’ des médias, devancés par les réseaux sociaux.
Un tel, militant de tel parti politique (souvent membre du bureau exécutif) a quitté le navire battant pavillon pour un parti. Les plus rusés se refusent à entrer dans les détails de cette raison et trouvent la parade dans le générique « pour convenance personnelle ». Ainsi va le monde politique au pays des Hommes intègres. Les partis au pouvoir étaient bien la lumière qui attirait tant et tant d’hommes et de femmes qui y allaient à travers des conférences de presse, expliquaient en motivant leur volonté de se retrouver dans un regroupement de patriotes.
Ceux qui ont eu le nez creux en ce début de 2014 ont afflué vers de nouveaux partis. Ils quittaient leurs formations politiques qui tanguaient, dont le chant de cygne était audible. Les militants « convaincus et convaincants » d’hier qui scandaient à haute et intelligible voix leur fidélité à leur formation politique ont découvert subitement au parti et à son leader naturel, tous les péchés d’Israël, qu’ils ne manquent pas d’exhiber comme la raison principale de leur divorce.
Aujourd’hui, neuf mois à peine après l’arrivée d’un autre pouvoir, la nouvelle chanson nationale s’exprime en termes de démissions. Et à ce jeu, aucun parti n’a le monopole, même si certains sont plus concernés que d’autres. Les arguments avancés par les démissionnaires quel que soit le parti politique, convainquent ceux qui veulent y croire. Autrement, l’expression générale est que chacun veut bien être ‘’tête de rat au lieu de queue de lion’’.
Donc, personne ne veut sécher son linge à l’ombre, mais, là où brille ardemment le soleil. Tous ces départs-créations posent la problématique du modèle d’engagement et de la sincérité que les hommes politiques cherchent à donner à la société s’ils refusent ce passage ‘’purificateur’’ de la case opposition avant d’espérer se retrouver à Kosyam. Malheureusement, cette voie qui a caractérisé la IVe république est celle aussi qui a perdu la IVe république.
Aucun parti qui a géré le pouvoir d’Etat n’a vraiment connu l’opposition. Les partis désignés anciens pouvoirs ont connu cette trajectoire de ‘’pain béni’’ où dès leur création, ils aboutissent à la magistrature suprême. De la démocratie naissante en juin 1991 au dernier pouvoir démocratique, c’est bien dans une mutation sous forme d’aller-retour ou départ-création que le Burkina Faso à évolué.
Une situation qui connaît une continuité et doit inquiéter les Burkinabè. Si l’élite, l’oligarchie politique ne sait pas rester fidèle à son engagement, quel modèle de société donner à nos enfants ? Espérons que le MPSR dans la sauvegarde et la restauration posera les bases réelles d’une fixation et pourquoi pas, une limitation des partis politiques. De toute les façons, sous la IIIe république, la question avait été réglée.
Assetou BADOH
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