L’énigme Trump

L’ancien Président américain, Donald Trump, pourra-t-il à nouveau briguer la magistrature suprême en novembre 2024 ? Cette question fait l’objet de spéculations et de supputations, alors que le sort du richissime homme d’affaires est loin d’être scellé. En dépit des nombreuses actions en justice sur son éligibilité dans une quinzaine d’Etats, Trump apparait plus que jamais comme le favori des primaires républicains. Mais sa marche renouvelée vers la Maison Blanche dépend de l’issue des affaires judiciaires qui pèsent sur lui. Il y a une semaine, la Cour suprême du Colorado, Etat de l’Ouest des Etats-Unis, a déclaré Trump inéligible à la future présidentielle, en raison de ses agissements lors de l’assaut du Capitole, sanctuaire de la démocratie américaine, en janvier 2021. A sa demande, les partisans du leader républicain, remontés à bloc, n’avaient pas hésité à descendre sur ce lieu hautement symbolique, pour tenter d’empêcher la certification de la victoire de son adversaire démocrate, Joe Biden.

Pour la Cour suprême du Colorado, Trump n’est pas digne d’incarner la fonction présidentielle, eu égard à cet incident resté gravé dans les mémoires. Cette décision, très mal perçue dans le camp républicain est la première prise par un Etat à l’encontre de Trump, depuis ce scandale. Mais l’ex-président américain ne s’avoue pas vaincu, comme il en a l’habitude, lui qui ne recule devant rien. Trump entend se pourvoir en cassation devant la Cour suprême des Etats-Unis, où les conservateurs acquis à sa cause dominent les débats. Dans l’éventualité d’une telle procédure, les juges du Colorado ont d’ailleurs suspendu leur verdict jusqu’au 4 janvier 2024, date limite pour la validation des bulletins de vote aux primaires. En principe, l’introduction d’un recours en cassation par Trump devant la Cour suprême des Etats-Unis, avant l’expiration du délai de suspension, oblige les autorités en charge des élections de l’Etat concerné à inclure son nom sur les bulletins des primaires, jusqu’à ce qu’elles reçoivent un avis contraire.

Théoriquement, une exclusion de Trump des listes électorales dans le Colorado n’aura pas un impact sensible sur sa course à la Maison Blanche. Il pourrait bien se passer des votes de cet Etat, où, il a perdu en 2020, face à Biden. L’inquiétude par contre est que d’autres Etats clés surtout, où des procédures sont en cours contre lui, ne suivent l’exemple du Colorado. Ce qui serait un coup dur, pour ne pas dire une menace sérieuse à ses ambitions de diriger encore l’Amérique. Pour l’heure, il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Contrairement à la décision du Colorado, une exception pour le moment, deux Etats, notamment, le Minnesota et le Michigan ont rejeté des procédures contre sa personne. Ces cas de figure permettent à Trump et à ses affidés, de continuer à croire en son étoile et d’espérer remporter le scrutin présidentiel de 2024. Même s’il n’a pas bonne presse à cause de nombreux dossiers judiciaires (hormis la fronde à la présidentielle de 2020, il est accusé, entre autres, de falsification de pièces comptables et de gestion « négligente » de documents confidentiels), l’ancien président américain a le soutien indéfectible de sa famille politique. Celle-ci, à l’image de l’Amérique conservatrice, croit à un éventuel retour aux affaires de Trump. Si en 2016, il avait réussi à déjouer les pronostics et à se hisser au sommet des Etats-Unis, son exercice du pouvoir a révélé des pratiques qui ont fragilisé son image. Trump s’est taillé une réputation sulfureuse, qui pourrait constituer un frein à son épanouissement. Il y a tellement d’affaire en justice contre l’ancien président américain, que son projet de nouveau bail n’incite pas forcément à l’optimisme. On se croirait à la loterie, où rien n’est sûr. Avec Trump, le suspense est partout.

Kader Patrick KARANTAO

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